Le 1er décembre 2016
LaBruce réalise un catalogue à la fois choquant et froid de pratiques sexuelles, à réserver aux spectateurs très avertis.
- Réalisateurs : Bruce LaBruce - Rick Castro
- Acteurs : Tony Ward, Bruce LaBruce
- Genre : Drame, Érotique, LGBTQIA+
- Nationalité : Canadien, Allemand
- Editeur vidéo : Épicentre Films Éditions
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 3 septembre 1997
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– Le film est inclus dans le coffret Bruce LaBruce avec No skin off my ass et Super 8 1/2
– Sortie du coffret DVD : le 6 décembre 2016
Résumé : La dérive d’un gay parmi les prostitués de Santa Monica Boulevard.
Notre avis : Troisième film de LaBruce, sans doute à sa manière le plus accessible de ses débuts et celui qui a eu la distribution la plus traditionnelle, Hustler white est à la fois joyeusement foutraque (on n’y prend pas grand-chose au sérieux) et par moments difficile à supporter par la mise en scène crue de fantasmes hors du commun. Mais c’est justement ce mélange parfois parodique (voir les courses finales sur la plage, qui valent leur pesant de cliché, ou le jeu excessif du réalisateur) et de froide description qui fait l’intérêt du film : par ses ruptures continuelles, de ton, de style, de genre, il sape le cinéma mainstream et, tout en affirmant des références, ne cesse de le mettre à distance. Ainsi commence-t-il comme Boulevard du crépuscule pour se terminer comme une telenovela gay ; ainsi joue-t-il à placer des citations (Kenneth Anger, par exemple), mais aussi des passages gore, des caricatures de revendications raciales, des effets de suspens (ce travelling sur le prostitué qui attend et la porte derrière laquelle le client « se prépare ») ; bref, on est sans cesse dans le second degré et l’allusion. Cela confine parfois à l’exercice systématique, voire à la gratuité ; il y a pourtant des moments de grâce, quand le cinéaste retrouve sa foi en l’image et qu’il filme des corps au plus près, s’attardant sur un nombril ou un torse ; mais aussi, et peut-être surtout, quand il saisit presque par inadvertance une larme, un regard mélancolique qui tout à coup humanisent ses personnages, pour la plupart réduits à de simples apparences. Car ces hommes -aucune femme, faut-il le préciser- lisses et sans épaisseur, se dévoilent par moments : la solitude affleure alors, même si elle est très vite ruinée par un nouvel excès.
Hustler white n’est pas à mettre devant tous les yeux ; les fantasmes exposés sont brutaux, à la limite du choquant et l’interdiction aux moins de 16 ans n’est pas injuste (il avait dans un premier temps classé X, avant d’être désixé à grand renfort médiatique). Mais, au confluent de l’underground et du parodique, lesté de références et de clins d’œil, il combine un regard revenu de tout et une fraîcheur étonnante par moments. LaBruce semble y redécouvrir le cinéma et s’amuse de mêler des contraires, le porno et le mièvre, avec le sourire post-moderne de celui qui n’est pas dupe.
Les suppléments :
Letter to Hustler white est le commentaire en plan fixe de trois personnes, dont le réalisateur, du film : ils boivent, fument, conversent, mais n’ont pas grand-chose à dire. L’ennui s’installe vite … (54 minutes).
L’image :
On n’est évidemment pas ici dans une image léchée, soigneusement éclairée ; la copie respecte cet aspect amateur revendiqué, jusqu’au flou et à l’approximatif, et le restitue dans sa crudité.
Le son :
La seule piste proposée, en VO avec sous-titres optionnels, est fidèle au travail sur le son (post-synchro ou enregistrements sur le vif, ruptures, musique saturée …), sans excès de finesse.
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