Le 27 janvier 2008
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Festival : Gérardmer 2008
– Lire aussi notre édito sur le festival
Palmarès et compte rendu d’un festival à l’image de la production horrifique mondiale, riche et fort. La meilleure édition de la décennie, au moins !
Palmarès et compte rendu d’un festival à l’image de la production horrifique mondiale, riche et fort. La meilleure édition de la décennie, au moins !
Le palmarès
Grand prix : L’orphelinat
Prix du Jury : Rec ex æquo avec Teeth
Prix de la Critique : Diary of the dead
Prix du Jury Jeunes de la région Lorraine : Rec
Prix du Jury Sci Fi : L’orphelinat
Prix du Meilleur Inédit Vidéo : Détour mortel 2
Grand Prix du Court Métrage : Dans leur peau d’Arnaud Malherbe
Compte rendu.
Sélection de l’excellence. Le cru 2008 a été des plus appréciables. A l’exception d’un film coréen franchement médiocre, Epitath, qui enterrait un peu plus notre intérêt pour les productions spectrales asiatiques vouées à une répétition maudite, le festival a oscillé entre le moyen (Teeth et son vagin denté qui tient plus de la bonne idée que du long abouti) à l’excellent (quelque chose comme tous les films espagnols en compétition).
L’Espagne, encore et encore l’Espagne.
Forte mobilisation des cinéastes catalans qui se sont déplacés pour présenter leurs œuvres, toutes d’un grand charisme et d’une fraîche diversité. La boîte à frissons , (Rec, fort de trois prix) a su jouer avec les nerfs des spectateurs avec brio ; L’orphelinat, cette ghost story qui se situe entre Les innocents et Les autres, plus gros succès de l’histoire du cinéma espagnol, a carrément ému les foules et a emporté le fameux Grand Prix. Au total, Rec et L’orphelinat sont repartis avec 5 prix sur 6 ! Quant au troisième long ibérique, Le roi de la montagne, il a partagé l’audience entre détestation et fascination. A la fois film d’auteur et survival violent, cette chasse à l’homme mérite néanmoins un vrai coup d’oeil.
Les USA en force.
Les Américains aussi étaient des plus offensifs dans toutes les sections avec l’avant-première d‘un blockbuster, Cloverfield, très remarqué en ouverture, le surprenant dernier Romero (à l’envergure commerciale minuscule, mais au discours cynique décidément très en phase avec certains de nos rédacteurs et avec celui de la critique qui lui a décerné son prix), tandis que le président du jury, le surprenant Stuart Gordon, affichait un humour féroce jubilatoire avec sa satire sociale gore, Stuck (hors compétition). Enfin dans la course pour les prix le sale mioche de Joshua, une sorte de version moderne de La malédiction sans le prétexte religieux a plutôt agréablement surpris par son humour et son approche un peu arty du thème de l’enfant tueur manipulateur.
L’anglophonie dans sa diversité.
L’anglais The broken, bel objet cinématographique qui se regarde un peu le nombril, a beaucoup déçu. Trop beau, trop creux ? Le nouveau film du réalisateur de Cashback n’a pas tenu ses promesses, tandis que le crocodile de Rogue, le bébé reptilien insipide de l’auteur de Wolf Creek, a partagé les audiences, certains lui préférant même l’inédit vidéo de la section DVD Black water. Décidément après l’échec de Primeval l’an dernier, les crocodiles tueurs ont bien du mal à se faire une place sur le grand écran . L’Irlande, qu‘on n‘attendait pas forcément dans ce genre, envoyait hors compétition le slasher hallucinogène Shrooms. Délirant pendant trois quart d’heure, l’exercice qui voit sa date de sortie sans cesse reportée sur notre territoire, vire malheureusement au grand n’importe quoi dans son ultime demi-heure. C’est dommage, mais on aura néanmoins bien ri. Autre slasher, autre somnifère, All the boys love Mandy Lane devrait avoir bien du mal à trouver sa place dans nos cinémas vu son accueil mitigé et son tout petit potentiel.
Le jury.
Outre tous les films projetés, Gérardmer a également marqué le rassemblement émouvant d’un jury de passionnés. Une brochette de cinéastes (plus une comédienne, la belle Kristanna Loken) formidables de générosité, qui ont laissé leur empreinte sur le cinéma de genre. Voir sur la même scène Jess Franco, assez mal en point, Deodato, Neil Marshall ou Stuart Gordon (pour faire court), cela avait quelque chose d’émouvant et d’unique, loin des jurys people ahurissants de ces dernières années. Dommage, en revanche, que cela soit Takashi Shimizu à qui l’on eut rendu hommage. Cet usurpateur, dont la réputation a été bâtie sur la trilogie des Ju-on et de leurs deux remakes américains (The grudge), bref des ersatz éhontés de Ring, ne méritait pas tant d’honneurs, alors qu’autour de lui de prestigieux noms devaient lui jalouser son prix.
Conclusion.
En cette splendide semaine d’hiver, d’une douceur printanière lumineuse, le fantastique mondial a restauré l’image d’un festival en perte de vitesse. Celui-ci, pour son quinzième anniversaire, a réaffirmé sa légitimité et sa crédibilité aux yeux des vrais fantasticophiles, souvent frustrés face aux sélections médiocres des années passées alors que les impressionnants festivals de Sitges et de Bruxelles, depuis un certain temps, tendaient à concentrer toutes les attentions. On peut donc s’attendre à de beaux lendemains dans la station géromoise qui, on l’espère, confirmera ce regain d’intérêt pour un genre bien plus vivant que mort !
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