Fleshwounds

On l’a connue maltraitant son micro, criant à plein poumons, expulsant sa rage du système sur un lit de guitares distordues. On la retrouve, après six années de tournée et deux de pause bien méritée, avec un album musicalement apaisé, qui navigue dans les eaux troubles de la pop et du songwriting, laissant une place de choix à sa voix de déesse. En s’entourant de la guitariste de David Bowie, Gail Ann Dorsay, de Cass à la basse (Skunk Anansie) et du producteur David Kosten (Faultline), Skin réussit à nous dévoiler une nouvelle facette de sa personnalité, complexe et profonde.

Avec Fleshwounds, Skin nous autorise à pénétrer dans sa caverne. Sur fond de chansons relativement traditionnelles, elle compose des mélodies aussi belles qu’efficaces et des textes tout en tension, disséquant au scalpel sa vie et ses expériences. Elle trouve ainsi une énergie nouvelle, quasiment à l’opposé de ce qu’elle a pu faire jusqu’à aujourd’hui. Fleshwounds devient alors une oeuvre personnelle d’une honnêteté troublante, façonnée à la main dans la roche la plus dure. Un long travail, précis et méticuleux, de recherche et d’introspection.

Sa philosophie est simple, ne rien laisser derrière elle et ne rien cacher, être vrai. Elle nous permet ainsi de la découvrir autrement. Après la violence incontrolée de Selling Jessus en 1995, Skin s’est vraisemblablement apaisée, sans pour autant avoir rangé les guitares au placard. Sa colère est toujours présente, ici pulsée par une basse déjantée, là projetée par une deuxième voix punk, mais bien dissimulée par des arrangements subtils. En atteignant ainsi l’équilibre, Skin livre un grand album nourri d’émotion et de fragilité qui prouve qu’elle n’a vraiment pas fini de nous surprendre.