Le 28 octobre 2022
- Réalisateur : João Pedro Rodrigues
- Acteurs : Mauro Costa, André Cabral, Joel Branco, Oceano Cruz, Margarida Vila-Nova
- Genre : Science-fiction, Comédie musicale, Érotique, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Portugais
- Distributeur : JHR Films
- Durée : 1h07mn
- Titre original : Fogo-Fatuo
- Date de sortie : 14 septembre 2022
- Festival : Festival de Cannes 2022, Festival de La Rochelle 2022
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Expérimentation politico-queer oscillant entre dépouillement et humour pince-sans-rire, cette œuvre concise et réjouissante est fidèle à l’univers de son auteur.
Résumé : Sur son lit de mort, Alfredo, roi sans couronne, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et à l’époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l’instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes plongés dans l’amour et le désir, et à la volonté de changer le statu quo.
Critique : Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2022, Feu follet est cohérent avec l’univers décalé et déjanté, à la fois austère et kitsch, de João Pedro Rodrigues. Le réalisateur portugais avait été révélé en 2000 avec O Fantasma. Son art, quelque part entre l’ambiance de Manoel de Oliveira et l’esprit des premiers Almodóvar ou Fassbinder, met en scène des personnages tourmentés aux prises avec des situations improbables. C’était le cas de la transsexuelle cherchant un sens à son existence dans Mourir comme un homme (2009), de la jeune femme tentant d’assumer une maternité compliquée dans Odete (2012), ou du jeune scientifique se laissant surprendre par les rapides et flottant dans son propre sang dans L’ornithologue (2016). Feu follet n’échappe pas à la règle avec ses trois époques se télescopant pour relater l’existence d’un mystérieux prince dans un pays clairement identifié comme étant le Portugal. Le cinéaste joue en fait sur les stéréotypes des contes occidentaux (dont la blondeur des princes charmants), pour narrer une fable ancrée dans les problématiques dans l’air du temps (les revendications inclusives, la sauvegarde de la planète), tout en commençant la narration par un épisode d’anticipation, le prince agonisant en 2069, soit un siècle après l’année érotique de Gainsbourg, hasard qui n’en est pas un aux yeux du réalisateur.
- © 2022 JHR Films. Tous droits réservés.
Mélangeant allégrement les genres (comédie romantique, science-fiction, film d’action, érotisme, film queer, cinéma politique et surtout « fantaisie musicale »), João Pedro Rodrigues se plaît à osciller entre le premier et le second degré. « Ça vient des contes de fées peuplés de princes et princesses, avec ces amours pour des princesses qui doivent être sauvées par des princes. Mon univers, c’est un prince amoureux qui vit son amour avec un jeune homme noir. L’idée qu’il soit noir me permet de montrer au début du film, que si dans la famille du prince ils sont peut-être un peu intolérants, le prince est un jeune homme de notre temps. Il attend l’amour. Il le trouve là où c’est inattendu pour lui, c’est-à-dire dans la caserne où il veut être pompier. C’est le coup de foudre au premier regard, au premier serrement de mains ! Quelque chose se passe, quelque chose de physique. Pour moi, il est très important de parler de l’amour dans sa dimension éthérée, romanesque, mais également physique », a ainsi déclaré le réalisateur dans le dossier de presse.
- © 2022 JHR Films. Tous droits réservés.
Et si le métrage ne dure que soixante-sept minutes, la profusion des personnages et la richesse tant visuelle (le jeu sur les corps et leur rapport avec les œuvres d’art) que sonore (une chorégraphie mémorable) n’en est que plus remarquable. On est surtout séduit par l’humour acerbe déployé par le réalisateur, et dont on se demande s’il n’est pas une forme d’autodérision. La séquence emblématique est à cet égard celle qui montre les deux amants utiliser le passé colonial du pays pour communiquer verbalement lors de leurs ébats dans une forêt. Le cinéaste tire par ailleurs le meilleur parti des deux principaux comédiens (Mauro Costa et André Cabral) qui se meuvent (dans tous les sens du terme) avec aisance dans le dispositif.
Feu Follet - Bande annonce from JHR Films on Vimeo.
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