Le 5 mars 2007
Les amateurs de récits « politiquement corrects » et rassurants trouveront que le cinéaste dépasse les limites du « raisonnable » narratif et visuel, mais ce portrait de femme hors norme est hautement recommandable.
- Réalisateur : João Pedro Rodrigues
- Acteurs : Carloto Cotta, Ana Cristina de Oliveira, Nuno Gil
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Portugais
- Distributeur : Pierre Grise Distribution
- Editeur vidéo : Antiprod, Épicentre Films Éditions
- Durée : 1h41mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 11 janvier 2006
- Festival : Festival de Cannes 2005
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Odete travaille dans un hypermarché à Lisbonne. Elle rêve d’avoir un enfant avec Alberto, son fiancé, qui travaille avec elle comme vigile. Mais lorsqu’Odete lui fait part de son désir, Alberto prend la fuite. Le rêve d’Odete, restée seule, devient une obsession. Pedro et Rui, deux jeunes garçons, s’embrassent devant un bar. Ensemble depuis un an, ils échangent bagues de fiançailles et promesses d’amour. Pedro rentre chez lui en voiture et Rui retourne au bar où il travaille de nuit.
Critique : Le scénario de Odete pourrait faire croire à un mauvais mélodrame ou l’œuvre d’un Fassbinder de seconde catégorie. Et pourtant il n’en est rien. Certes, il est difficile de croire à ces deux destinées croisées. Odete, employée dans un supermarché, quitte son amant du moment et part assumer seule sa future maternité. En parallèle, deux garçons, Rui et Pedro, s’embrassent dans un bar et se jurent un amour éternel, mais Pedro sera tué dans un accident peu après. Nous découvrons bientôt qu’Odete était aussi sa maîtresse, et qu’il était l’homme de sa vie. Appelée par le fantôme de Pedro, la jeune femme sympathise avec sa mère, s’endort tous les soirs sur sa tombe, et ira jusqu’à courtiser Rui dans un processus d’identification qui glisse vers la schizophrénie. João Pedro Rodrigues n’est pas un inconnu et pratique un cinéma épuré, avec très peu de dialogues, dans une mise en scène qui n’est pas sans évoquer l’œuvre de Bresson. À l’érotisme sur papier glacé, il préfère le dépouillement et la sécheresse, sans insister réellement sur les motivations de ses personnages. Seuls des extraits de la mélodie de Henry Mancini (Diamants sur canapé), déjà réutilisée dans Rois et reine viennent ici adoucir la dureté de l’histoire. Les amateurs de récits « politiquement corrects » et rassurants trouveront que le cinéaste dépasse les limites de l’entendement et du « raisonnable » narratif et visuel, mais force est de reconnaître que l’on ne peut être que saisi par ce portrait de femme hors norme. La dernière séquence, qui a choqué ou fait ricaner certains spectateurs de la Quinzaine des Réalisateurs, est cohérente avec le jusqu’au-boutisme du réalisateur et le dérapage incontrôlé de ses personnages.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.