Le 18 mars 2018
Feu ! Chatterton franchit haut la main l’obstacle du deuxième album en restant fidèle à leur style, tout en explorant de nouveaux territoires poétiques. Enthousiasmant.
- Durée : 62mn
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– Sortie de l’album : 9 mars 2018
Créé en 2011, le groupe parisien Feu ! Chatterton a d’abord livré deux EP remarqués avant d’être signés chez Barclay pour un premier album qui fut l’une des excellentes surprises de l’année 2015. Il s’agissait d’Ici le jour a tout enseveli qui disposait de nombreuses pépites, légitimement salué par une Victoire de la révélation en 2016. Face à des critiques globalement dithyrambiques, le groupe devait désormais faire face au défi du si difficile deuxième album. Beaucoup de groupes passionnants se sont brûlés les ailes sur cette seconde galette désormais attendue au tournant. Cela tombe bien puisque d’ailes, il en est beaucoup question dans ce second opus intitulé L’oiseleur, où la figure métaphorique des volatiles vient alimenter les 13 titres qui forment un ambitieux parcours musical d’une heure. Et dire que la réussite est au bout du chemin est un euphémisme.
Cela démarre très fort avec les deux premiers titres qui forment comme un diptyque musical. La planante intro de Je ne te vois plus débouche sur une envolée nous plongeant immédiatement dans Grace. On reconnait immédiatement le style de Feu ! Chatterton dans ce choix de textes poétiques qui évoquent aussi bien Léo Ferré qu’Alain Bashung, tandis que le fond musical est bien plus pop. On notera d’ailleurs une certaine évolution dans les orientations musicales qui ressemblent davantage à du rock prog des années 70 ou à de l’électro nostalgique. Les compositions sont toujours ambitieuses, avec des ruptures de ton et de rythme au cœur de chaque chanson. Si l’on aime un petit moins L’oiseau, on revient aux choses sérieuses avec la piste suivante qui s’étale sur 6 minutes. Souvenir est bien l’une des meilleures chansons de cet album. Elle est suivie par l’excellente L’ivresse dont la rythmique est différente de tout ce que le groupe a livré jusqu’ici. Son aspect expérimental ne l’empêche nullement de toucher juste par une mélodie imparable. Ginger s’avère également un titre passionnant par son aspect protéiforme, avec un rythme galopant se faisant soudainement plus mélancolique.
Très courte, Tes yeux verts ose la figure musicale complexe de la fugue pour une expérience hors norme qui débouche une fois de plus sur une émotion intense. La chanson suivante confirme l’orientation poétique du groupe avec une adaptation d’un texte de Louis Aragon intitulé Zone libre. Encore un beau moment. Coup de foudre immédiat, Erussel Baled (les ruines) séduit immédiatement par la puissance de sa mélodie. Même évidence pour Anna, puis La fenêtre qui s’imposent immédiatement comme des titres incontournables. Notons à chaque fois la présence plus marquée qu’auparavant d’une ambiance électronique, sans que cela soit envahissant. Cette touche permet au contraire de rendre la plupart des titres plus harmonieux.
Il nous faudra un peu plus de temps pour juger à leur juste valeur les deux titres plus ambitieux et difficiles d’accès que sont Sari d’Orcino et surtout Le départ, longue pièce de 8mn adaptant des poèmes de Paul Eluard. Les deux titres sont assurément superbes, mais ils demandent plusieurs écoutes pour que l’on en goûte la substantifique moelle.
Au final, L’oiseleur est un album d’une richesse incroyable, faisant preuve d’une belle maturité musicale pour un groupe aussi récent. Sans doute l’un des incontournables de ce début d’année.
Liste des titres :
1 Je ne te vois plus 3:17
2 Grace 5:01
3 L’oiseau 3:32
4 Souvenir 6:36
5 L’ivresse 3:42
6 Ginger 4:06
7 Tes yeux verts 3:21
8 Zone Libre 5:21
9 Erussel Baled (Les ruines) 3:17
10 Anna 4:59
11 Sari d’Orcino 5:52
12 La fenêtre 4:56
13 Le départ 8:14
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