Feels like home

Même recette, mais ingrédients différents pour Norah Jones. Après avoir fait souffler un vent de jeunesse sur le jazz vocal avec son premier album (vendu à 18 millions d’exemplaires, tout de même), la jeune fille, toujours très entourée, rend visite et hommage à la country des années 70, invitant même Dolly Parton sur un morceau, et reprenant un standard de Townes Van Zandt. Aussi à l’aise vocalement dans ce registre que dans le jazz, la voix veloutée de Jones accomplit des miracles, faisant souvent oublier les arrangements convenus et la production bien polie de son compère Arif Mardin. Et tandis que les solos des différents musiciens se multiplient (tantôt discrets et idéalement placés, tantôt grossiers et agaçants), la jeune femme, elle, a compris le truc : elle caresse son piano à bon escient, et ne le met jamais inutilement en avant, privilégiant l’atmosphère d’une composition à une quelconque virtuosité de conservatoire.

Au final, on se dit qu’elle serait presque mieux toute seule, Norah. On aimerait l’imaginer seule décisionnaire, donnant libre cours à son lyrisme certes désuet, mais si touchant et honnête. Feels like home, oui... C’est vrai qu’on se sent vite chez soi, tant les accroches mélodiques semblent familières. Il faut donc juste penser à aérer de temps en temps, histoire d’évacuer les odeurs persistantes et les sensations de déjà entendu. Heureusement, des morceaux comme Sunrise ou Humble me s’acquittent parfaitement de cette tâche, rendant ainsi un fier service à l’ensemble du disque.