Le sourire de sa mère
Le 28 décembre 2016
Marco Bellocchio garde toujours la main avec ce récit d’un traumatisme d’enfance saisissant de finesse et d’intensité. L’un des films majeurs de la Quinzaine des Réalisateurs 2016.
- Réalisateur : Marco Bellocchio
- Acteurs : Emmanuelle Devos, Bérénice Bejo, Piera Degli Esposti, Valerio Mastandrea, Fausto Russo Alesi, Fabrizio Gifuni, Roberto Herlitzka, Barbara Ronchi, Guido Caprino
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 2h13mn
- Titre original : Fai Bei Sogni
- Date de sortie : 28 décembre 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
Résumé : Turin, 1969. Massimo, un jeune garçon de neuf ans, perd sa mère dans des circonstances mystérieuses. Quelques jours après, son père le conduit auprès d’un prêtre qui lui explique qu’elle est désormais au paradis. Massimo refuse d’accepter cette disparition brutale. Année 1990. Massimo est devenu un journaliste accompli, mais son passé le hante. Alors qu’il doit vendre l’appartement de ses parents, les blessures de son enfance tournent à l’obsession…
Critique : Depuis son premier long métrage Les poings dans les poches, Marco Bellocchio n’a cessé d’explorer les méandres de familles décomposées. Son dernier opus, adapté d’un roman autobiographique de Massimo Gramellini, grand succès de librairie en Italie, n’échappe pas à la règle et confirme la vitalité créative d’un cinéaste que la vieillesse semble fortifier. Bellocchio conte avec finesse la souffrance affective d’un homme hanté par une douleur « originelle » et qui subira les effets dévastateurs d’un secret de famille dévoilé au dénouement. Bien épaulé par sa monteuse Francesca Calvelli, le réalisateur construit le film sur trois niveaux narratifs temporels. La linéarité de la chronologie (le drame initial de Massimo, le bref récit de son adolescence, puis son existence de quadragénaire) est nuancée par de brefs retours en arrière introspectifs, ce qui situe Fais de beaux rêves à mi-chemin du classicisme romanesque et d’une structure plus éclatée.
- Copyright Simone Martinetto
Si le film fait songer dans sa première partie au cinéma de l’enfance de Comencini (L’Incompris), il emprunte dans la seconde heure une dimension politique inattendue, Massimo étant amené à exercer sa profession de journaliste dans un Sarajevo meurtri par la guerre des Balkans. La tragédie collective rejoint ici le drame individuel mais le cinéaste ne perd pas pour autant le fil conducteur de son récit de surcroît enrichi par des références savoureuses au fantastique. Des séquences de Belphégor, série télévisée culte de Claude Barma, ou de La Féline de Jacques Tourneur, viennent ainsi faire écho aux démons intérieurs du personnage principal. Si l’idylle entre Massimo et une jeune médecin (Bérénice Bejo) entraîne une légère chute de rythme dans l’histoire, l’œuvre dans son ensemble regorge de passages bouleversants (sans sentimentalisme) qui placent Fais de beaux rêves au niveau du meilleur Bellocchio, celui du Sourire de ma mère. Il faut aussi souligner l’interprétation sensible de Valerio Mastandrea dans le rôle de Massimo adulte. L’acteur, déjà vu chez Marco Tullio Giordana et Abel Ferrara, dévoile une intensité de jeu semblable à celle dégagée naguère par Mastroianni.
– Festival de Cannes 2016 : Ouverture Quinzaine des Réalisateurs
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birulune 12 décembre 2017
Fais de beaux rêves - Marco Bellocchio - critique
La tendresse qui se dégage de ce film est un personnage en soi, c’est presque palpable. Le quadra meurtri par le passé, l’ado dans le déni puis l’enfant, celui là c’est le pire, il est comme une blessure ouverte. Les objets vintages, les atmosphères pleine d’ombres sereines ( c’est du Caravage pour la photographie !) on s’imprègne complètement. On est loin d’une enquête traditionnelle. Pour un journaliste il a pas beaucoup cherché on peut dire. L’apprentissage de la douleur est plus le sujet du film que la recherche de la vérité.
Des clés de lecture parsèment le film ( le père donne un anneau, la lettre, et avant la mise en scène de la photo de l’enfant bosniaque devant le cadavre de sa mère) et on devine au fur et à mesure plus que l’on comprend tout ce qui émeut le petit ou le grand Massimo:niveau sentiment c’est le Pacifique ! On sent les remous ou quand la mer est calme et qu’il se rapproche (enfin) d’une femme, infirmière, forcément.
Les acteurs sont tous bons (aux 3 âges) et montrer des petites gueules d’amour qui cherchent la tendresse maternelle est un peu too much mais tellement efficace. On est ému ou on est ému
Un film incroyable sur le sujet traité ( le deuil) appuyé par des artistes tous maitres de leur rôle même si Massimo phagocyte le film
Une histoire qui illustre bien le fardeau de la nostalgie du souvenir qui grossit parfois jusqu’à l’étouffement.