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Le 15 octobre 2024
Marco Bellocchio signe un pamphlet contre l’Italie berlusconienne et la vague de conformisme qui l’accompagne.
- Réalisateur : Marco Bellocchio
- Acteurs : Sergio Castellitto, Piera Degli Esposti, Gianfelice Imparato, Maurizio Donadoni, Bruno Cariello
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Océan Films
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 1h42mn
- Titre original : L'ora di religione
- Date de sortie : 20 novembre 2002
- Festival : Festival de Cannes 2002
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Résumé : Ernesto est un peintre reconnu, illustrateur de contes pour enfants, séparé de sa femme Irène, père du petit Leonardo auquel il est profondément attaché. Il apprend par le mystérieux Don Pugni, secrétaire du non moins énigmatique cardinal Piumini, que l’Église veut sanctifier sa mère. Ernesto est choqué par cette nouvelle, non seulement parce qu’il réalise qu’on l’a tenu dans l’ignorance au sujet de sa famille, mais aussi parce que cet événement est en complète opposition avec sa vie d’artiste, d’homme libre et athée.
Critique : Avec Le sourire de ma mère, Marco Bellocchio signe un pamphlet contre l’Italie berlusconienne et la vague de conformisme qui l’accompagne. Le cinéaste renoue avec ses premières œuvres guidé par un engagement politique annonçant les événements de mai 68.
Moins violente qu’à l’époque, la lutte ne doit pas pour autant se poser sur la seule intellectualisation. Mettre ses actes en accord avec sa pensée est essentiel.
Ernesto, peintre à la renommée incertaine, confronté à l’hypocrisie religieuse projetant de béatifier sa mère, essaie de garder cette indispensable honnêteté.
Sa famille, qui jusqu’à présent luttait pour le droit à la liberté de penser, fait maintenant tout pour le convaincre de soutenir cette sanctification. Après avoir arrêté le combat, son entourage cherche des appuis politiques et spirituels afin de retrouver le rang qui était le sien. Pour cela, il faut prouver le martyr de la mère tuée par l’un de ses fils, aujourd’hui aliéné et mutique. Ernesto est le seul de la fratrie à pouvoir le faire parler.
Écarté du complot familial pour sa droiture et ses préjugés anticléricaux, il tombe des nues. Il ne peut croire à cette béatification. Il a beau essayer de comprendre, il n’arrive pas à voir en sa mère autre chose qu’une femme qui ne comprenait rien. Elle fut le bourreau de son frère, non l’inverse. Son sourire, aujourd’hui évocateur de sainteté, est pour lui le symbole d’une triste réalité : la béate imbécillité maternelle.
Ce sourire est le seul héritage d’Ernesto. À son corps défendant, il l’arbore constamment. Il est le reflet de son émotion. Le plus souvent, il ne lui procure que des ennuis, les autres voyant en lui ironie et mépris. Mais il sera aussi un élément de séduction permettant l’arrivée de l’amour salvateur.
Ernesto a choisi la sublimation afin de s’évader de ce monde dominé par la corruption. Mais il subit celle-ci, cette fois avec plaisir, quand il s’avère que la femme dont il tombe amoureux le trompe sur son identité. Ernesto, contrairement à son frère, muré en lui-même, ne demande qu’à croire. Toutefois, seul l’amour d’une femme prend grâce à ses yeux.
Marco Bellocchio a choisi de filmer l’ensemble à la manière d’un songe. Ernesto, personnage ancré dans le XXIe siècle, est entouré de rétrogrades aux visages de vampires, sortis du 19e. La photo, s’inspirant du clair-obscur du Caravage, accentue l’irréalité de l’ensemble. Certains côtés sombres du films envoûtent, faisant écho à la lutte interne qui s’opère en chacun de nous : le désir d’indépendance. Ernesto se bat contre le carcan familial et l’hypocrisie, mais l’objet de ce combat, c’est le libre arbitre. Pour cela, il lui faudra renoncer à l’image idéale des parents de son enfance, vivre dans le réel, et lutter pour l’améliorer selon sa conscience.
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