Eyjafjallajökull : quid de Dany Boon et de l’avenir de la comédie française ?

Quel avenir pour Eyjafjallajökull, film au titre improbable avec Dany Boon, comique star devenu chantre d’une comédie d’un autre temps ? Et surtout, quelles perspectives pour la comédie française ?

L’argument : Pour les voyageurs du monde entier, l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull est un coup dur. Pour Alain et Valérie, c’est une catastrophe. Car pour arriver à temps dans le petit village de Grèce où se marie leur fille, ce couple de divorcés, qui se voue l’un l’autre une détestation sans borne, va être amené par la force des choses à prendre la route ensemble.

Quel avenir pour la comédie française ? Avec un budget supérieur à 20 millions d’euros, Eyjafjallajökull est l’un des gros mastodontes français de la rentrée 2013, au même titre que Les invincibles (ex Boulistes, sorti le 18/09, avec Gérard Depardieu), Au bonheur des ogres de Nicolas Bary (le 16 octobre), Le cœur des hommes 3 de Marc Esposito (le 24/10) ou Fonzy d’Isabelle Doval avec José Garcia (30/10). La période de la Toussaint, traditionnellement généreuse envers les productions françaises, a toutefois suscité bien des doutes en 2012, avec les déceptions commerciales successives de Stars 80, Astérix et Obélix au service de Sa Majesté, Les Seigneurs et surtout Un plan parfait avec Dany Boon. Cette dernière production, malgré l’apport d’une promo acharnée, du soutien d’un gros distributeur (Universal), et d’un réalisateur sortant d’un beau succès personnel (L’arnacoeur) avait connu un échec foudroyant à 1.2M, alors qu’il s’agissait de l’un des plus gros budgets français de l’année 2012 ! Etait-ce dû à un sujet qui n’intéressait personne ? A une réelle médiocrité du produit ? A l’incapacité du distributeur de vendre correctement le film ? Ou à un vent tournant dans la comédie française ?
Dany Boon le tout-puissant, roi des Ch’tis et des comédies à l’humour un peu belge, se prenait une claque qui allait toutefois se répéter pour la comédie française, dans des proportions historiques avec l’échec de Turf en février 2013. L’humour franchouillard et ses belles figures un peu naïves, qui aiment se reposer sur le contraste des régions, les associations conflictuelles, serait-il victime d’une mondialisation accrue avec une uniformisation des gags ? Les générations se succèdent, mais l’humour des aînés ne semble plus être celui des petits derniers. Alors que l’internet et son espace promotionnel nouveau bouleverse les habitudes cinéphiliques des spectateurs, les plateaux de télévision très favorable à la comédie franchouille, n’intéressent plus grand monde de moins de 40 ans et les jeunes se tournent massivement vers la comédie outrancière américaine (Very Bad Trip, Project X, c’est leur came !). Ainis, le modèle de la comédie française paraît exsangue, ringardisé. L’échec en juin de La Grande Boucle, et ses 131.000 entrées dans 457 salles, n’a fait que confirmer cette tendance. La jeunesse semble en total décalage avec les productions un peu vieillottes que le cinéma dit populaire français lui offre.

Il est donc loin le temps fédérateur de L’as des as avec Belmondo, des triomphes réguliers de Louis de Funès ou de Coluche, qui scrutaient systématiquement les sommets... Le Splendide ne l’est plus tant que ça… Veber et Chatiliez sondent désormais les fonds du box-office quand ils alignaient hit sur hit deux décennies plus tôt...
Il faut dire que le public urbain s’est renforcé, avec l’avènement des bobos forcément peu adeptes de la « beauferie » offerte par cette tentation d’un made in France désuet. Quant aux ados, eux, ils ont visibelment besoin d’autre chose, de spectacles impertinents qui leur parlent avec leurs codes. Les Profs et ses 3.784.000 entrées est venu le rappeler, 30 ans après le succès des Sous-doués de Zidi. Les bonnes vieilles formules peuvent encore fonctionner, à condition de ne pas prendre le public cible pour un imbécile.

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