Le 30 août 2020
- Salle d'exposition / Musée : Bibliothèque Nationale de France
Disponible sur
Le mouvement surréaliste est né il y a cent ans, qui transforma complètement le rapport à la création artistique. Pour l’occasion, la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet proposeront une grande exposition, à partir du 17 novembre prochain.
News : Il y a cent ans, André Breton et Philippe Soupault publiaient leur recueil commun, Les Champs magnétiques, « premier ouvrage surréaliste », dira plus tard l’auteur d’Arcane 17.
Pour l’occasion, la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet unissent la richesse de leurs collections, pour présenter la première grande exposition consacrée au surréalisme littéraire. Plus de deux cents pièces ont été rassemblées, qui permettent d’emboîter le pas d’André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault, Paul Eluard et leurs autres compagnons de route, lorsque, de 1918 à 1928, ceux-ci se lancèrent dans la conquête de territoires inconnus. Autour des manuscrits d’œuvres emblématiques telles Les Champs magnétiques ou Nadja, costumes, tableaux, collages, photographies, films, dessins hypnotiques et cadavres exquis viennent restituer le bouillonnement créatif de ces années d’éclosion du mouvement. Cette exposition-événement raconte comment, traumatisé par la Première Guerre mondiale, animé d’une haine dirigée autant contre les valeurs de la société bourgeoise, jugée responsable de ce massacre, que vis-à-vis de la littérature officielle, un petit groupe de jeunes gens tente de construire un rapport nouveau à l’écriture et au monde, délié d’une obsession du sens.
La poésie qui, pour les jeunes surréalistes, se confond avec la vie même, occupe une place centrale dans le propos de l’exposition. En guise d’introduction, la première partie, « Guerre et esprit nouveau », convoque décor et influences. Elle s’ouvre sur un ensemble monumental regroupant les costumes du ballet Parade, dessinés par Picasso, et le manuscrit des Mamelles de Tirésias, de Guillaume Apollinaire. Tandis qu’à Paris, l’« esprit nouveau » se cristallise autour de ce poète et de son cercle d’amis, à Zurich avec Dada, à New York et Barcelone avec Marcel Duchamp et Francis Picabia, d’autres foyers de modernité essaiment. Bientôt, ils convergent vers la capitale française où les jeunes poètes de la revue Littérature (André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault, puis Paul Éluard) accueillent avec enthousiasme l’esprit Dada, prélude au surréalisme.
Le deuxième temps de l’exposition est intitulé « Rêve et automatisme » et il s’articule autour de la découverte de l’écriture automatique, fondatrice du surréalisme : une transcription de la « pensée parlée », libérée de toute forme de censure. Le manuscrit des Champs magnétiques en constitue l’amorce. L’exploration du rêve, les séances de sommeils hypnotiques sont les deux autres chemins privilégiés par le groupe pour accéder à l’inconscient, ce territoire exploré par la psychanalyse freudienne, ce réservoir d’une matière mentale inédite où s’inventent des formes nouvelles d’imaginaire. Nourri par ces expériences, le champ plastique s’enrichit lui aussi d’une multitude d’expressions originales, qui dessinent une perception élargie du monde, décalée du réel : une surréalité.
La troisième partie de l’exposition, « Manifestes et provocations », traite des formes d’irruption du groupe dans l’espace public, comme dans le champ intellectuel. Elles ont pour cœur les nombreuses manifestations Dada, qui se succèdent en 1920 et 1921, et la multitude de tracts et revues qui les accompagne. L’exposition présente un grand nombre de ces « éphémères », parmi lesquels des exemplaires exceptionnels de la revue Dada : exemplaires de luxe ou annotés et ornés par Tristan Tzara et Francis Picabia.
À la déraison de la civilisation, Dada oppose sa folie débridée. Happenings et publications témoignent d’une ambition de subversion absolue - d’« idiotie » - prônée par Tzara, que le surréalisme viendra dépasser. La parution, en 1924, du Manifeste du surréalisme d’André Breton, au terme de ces années de prise de parole et d’activisme, consacre les théories bretoniennes. Des petits billets colorés, les papillons, diffusés à travers Paris, couronnent cet acte de naissance du surréalisme.
Construite autour du manuscrit exceptionnel de Nadja, présenté pour la première fois dans le cadre d’une importante exposition, la dernière section – « Amour et folie : Nadja, l’âme errante » – répond en un écho glaçant aux expériences conduites par le surréalisme dans ses premiers soubresauts. La rencontre d’André Breton et de Nadja, jeune femme qui lui sembla incarner au plus haut point l’éthique surréaliste, se présente ici comme une expérience-limite. Dans un dialogue constant entre le texte de Breton, paru en 1928, et les traces laissées par la jeune femme, certaines récemment découvertes et montrées pour la première fois, se dessine, au-delà du mythe, le témoignage d’une authentique fascination, vécue aux confins de la folie.
Autour de l’exposition
Journée d’étude : Isidore Ducasse dit Lautréamont
Mardi 24 novembre de 9h30 à 18h00 / BnF, site François-Mitterrand
Le 24 novembre 1870, il y a 150 ans, le comte de Lautréamont mourait seul et sans reconnaissance. Ce n’est que quelques années plus tard que les surréalistes reconnaîtront l’auteur des Champs de Maldoror, épopée violente et baroque, comme l’un de leurs plus éminents précurseurs.
Entrée gratuite - réservation recommandée via l’application Affluences ou sur affluences.com (rubrique Bibliothèques)
Après-midi cinéma et lecture
Jeudi 26 novembre de 14h30 à 17h30 / entrée libre / BnF, site François-Mitterrand
Projections de films et documentaires autour du surréalisme suivi de 18h30 à 20h00 de la lecture de Une vague de rêve de Louis Aragon
Entrée gratuite - réservation recommandée via l’application Affluences ou sur affluences.com (rubrique Bibliothèques)
La nuit de la lecture
Janvier 2021 (date à venir), de 20h à 21h / BnF, site Richelieu
Dans la prestigieuse salle des manuscrits de la BnF, lecture d’extraits de Nadja d’André Breton.
Entrée 10€ (tarif unique) – réservation recommandée sur bnf.tickeasy.com et via le réseau FNAC
Entrée gratuite pour les détenteurs d’un Pass lecture /culture ou recherche – réservation recommandée sur bnf.tickeasy.com
Publication
L’invention du surréalisme. Des Champs magnétiques à Nadja
Catalogue de l’exposition, sous la direction de Jacqueline Chénieux-Gendron, Isabelle Diu, Bérénice Stoll, Olivier Wagner
16.5 x 23cm, broché, 224 pages, 80 illustrations
BnF Éditions / Prix : 29€
L’invention du surréalisme
Des Champs magnétiques à Nadja En partenariat avec la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet
BnF I François-Mitterrand, Galerie 1 17 novembre 2020 - 7 février 2021
BnF I François-Mitterrand, Quai François Mauriac, Paris XIIIe
Du mardi au samedi 10h > 19h. Dimanche 13h > 19h. Fermeture les jours fériés
Entrée 9€, tarif réduit 7€ – réservation recommandée sur bnf.tickeasy.com et via le réseau FNAC
Entrée gratuite pour les détenteurs d’un Pass lecture /culture ou recherche – réservation recommandée sur bnf.tickeasy.com
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.