Festin invisible
Le 17 juillet 2005
L’amour, la mort et Dieu du point de vue d’un songwriter lettré et acerbe.
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Que faut-il attendre d’un groupe américain qui tire son nom d’un personnage du Festin nu de Burroughs et dont le leader se nomme Eef Barzelay ? Un rock illuminé et lettré, peut-être, incisif sur les bords ? Précisément, oui.
Le début de carrière de Clem Snide se résume à une suite de rendez-vous manqués et de faux-semblants. Alors que Barzelay fonde le groupe en 1991, le premier album ne verra le jour que sept ans plus tard : entre changements de musiciens, déménagements et jets d’éponge, l’impulsif Barzelay trouvera enfin une forme définitive au groupe lorsque, en 1996, il sera de retour à New York pour y intégrer une école d’art. Mais dès lors, l’élan porteur semble irrépressible. Depuis 1998, pas moins de quatre albums au compteur de Clem Snide avant ce cinquième en forme de premier bilan.
Car End of love semble prendre le meilleur des disques précédents pour l’envelopper d’un voile pop qui transcende les influences country et folk du groupe. Ainsi, alors qu’à l’époque du déjà très beau Soft spot on rapprochait Clem Snide de Lambchop, de Randy Newman ou de Neil Young, il apparaît aujourd’hui que Barzelay semble nourrir des ambitions plus contemporaines (à moins que ce ne soit la troublante ressemblance de sa voix avec celle d’Adam Green qui nous induise en erreur) qui le rapprocherait d’un Ron Sexsmith.
La musique de Clem Snide possède en tout cas cette luxuriance qui lui permet de faire fi de toute originalité (après tout, Lambchop n’a pas inventé le fil à couper la musique et n’en est pas moins génial) pour imposer à l’auditeur des titres parfaits (Fill me with your light, When we become, End of love), auxquels l’humour acerbe (Weird, Tiny european cars) et la plume acérée de Barzelay donnent un relief particulier. Et c’est dans ce contrepoint que Clem Snide trouve son équilibre : dans la violence thématique de Made for TV movie se niche la mélodie la plus douce du disque, alors que le dieu cruel et bourru de God answers back a droit à de délicats arrangements.
Barzelay affirme que "les chansons devraient toujours traiter de choses invisibles comme l’amour, la mort ou Dieu". Or le bonhomme semble affairé à mettre tout en œuvre (textes, mélodies, intonations et arrangements) pour rendre ces "choses" les plus visibles possible. Et cette ambition, qui peut sembler une sacrée gageure, impose un respect que End of love ne fait qu’amplifier.
End of love, Clem Snide (Fargo/Naïve)
Tracklisting :
1 End of love
2 Collapse
3 Fill me with your light
4 The sound of german hip-hop
5 Tiny european cars
6 Jews for Jesus blues
7 God answers back
8 Something beautiful
9 Made for TV movie
10 When we become
11 Weird
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