Emotive

La quasi-totalité de l’album est composée de reprises de chansons bien connues, piochées dans des univers musicaux très différents, et qui ont pour dénominateur commun le thème du pacifisme. Comme le montre le peace-and-love en ruine qui orne la jaquette, il s’agit de rappeler aux esprits des valeurs autour desquelles, par le biais de la musique, l’Amérique s’était autrefois réunie, et que la politique actuelle méprise.

Les textes prennent donc ici une place plus importante que la musique elle-même, et on laisse volontiers de côté la complexité musicale pour des constructions plus simples, ouvertes aux goûts d’un public plus large, dans un registre également plus calme où les tendances pop se font largement ressentir. Autre nouveauté, Keenan partage désormais le chant avec le guitariste, Howerdell.

Le coup de force de cet album réside certainement dans le fait d’avoir réussi à reprendre des chansons aux styles très différents, tout en les faisant coïncider avec le savoir-faire et le passé musical du groupe, et en gardant une certaine homogénéité de l’ensemble. En outre, A Perfect Circle se permet de s’aventurer dans des domaines inattendus, comme l’attestent les rythmiques drum n’bass précipitées de Let’s have a war (Fear)ou les accents trip-hop de When the levee breaks (Memphis Minnie) qui rappellent Archive. Les nappes sonores de What’s going on (Marvin Gaye) et People are people (Depeche Mode), les bruitages et les loops qui garnissent Counting bodies like sheeps (reprise de Pet, un titre de Thirteenth Step) apportent une dimension franchement électro ; le final a capella, Fiddle and the drum, mêle les voix de Keenan et d’Howerdell, qui durant tout l’album se sont essayées avec brio au registre pop.

Mais la grande faiblesse de cet ouvrage réside dans la relative pauvreté du contenu musical, qui fait regretter les albums précédents du groupe, que celui-ci, en dépit des efforts déployés, n’arrive pas à égaler.