L’ombre du père
Le 23 janvier 2006
Une quête du père sur fond de plongée dans l’univers du nucléaire. Un road-trip aussi haletant qu’emballant.
- Auteur : James Flint
- Editeur : Au diable vauvert
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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Une quête du père sur fond de plongée dans l’univers du nucléaire. Un road-trip aussi haletant qu’emballant.
Cooper, programmateur informatique, est un employé sans histoires dans une base militaire londonienne. Sa vie bascule le jour où il reçoit des nouvelles de son père, qui l’a abandonné l’année de ses dix ans, sous la forme d’une urne funéraire contenant ses cendres... Une catastrophe n’arrivant jamais seule, il est aussitôt jugé indésirable sur son lieu de travail, car le géniteur en question a été par le passé un activiste antinucléaire notoire. Cooper décide alors de partir sur les traces de son père aux Etats-Unis. Pour récupérer son poste, affirme-t-il. Pour affronter une perte qu’il n’a jamais voulu reconnaître, aussi.
James Flint est l’auteur d’Habitus [1] : un brillant roman de science-fiction, dont l’architecture complexe et polyphonique servait un récit où un génie des mathématiques croisait la chienne Laïka (premier cabot à avoir été mis en orbite) ou un bébé au cœur double... Ici, il réduit son récit à un fil ténu : une quête du père, le parcours d’un personnage a priori ordinaire, hypocondriaque chronique et piètre séducteur, qui brille surtout par un sens aigu de l’autodérision. Traumatisme et déni obligent, Cooper s’est construit tout entier sur le refus des valeurs de son père, sur la nostalgie d’une enfance heureuse et d’une famille unie. Son road-trip à travers l’Amérique l’aidera donc d’abord à regarder en face de vieilles douleurs. Peut-on panser des blessures qui n’ont jamais dit leur nom, et construire son identité sur une faille ?
Mais le livre est aussi le portrait en creux d’une personnalité fantasque et fascinante : Jack Reever, le père déserteur. Artiste anti-conformiste et provocateur, ex-hippie idéaliste, il a poursuivi une bonne partie de sa vie le rêve d’une sculpture faite à partir de déchets nucléaires. A force de marcher sur ses traces, Cooper découvre la réalité parfois extravagante du nucléaire, domaine dans lequel il renonce rapidement à toute certitude. Pour donner vie à ce personnage, James Flint a puisé - péripéties familiales mises à part - dans les souvenirs et les travaux du sculpteur James L. Acord, authentique expérimentateur de matériaux radioactifs, lequel a accepté le principe d’une fiction nourrie de ses anecdotes, à condition de ne jamais lire le résultat final... C’est à cet artiste que James Flint doit sa plongée dans l’univers nébuleux du nucléaire. Le chemin initiatique sera rocambolesque, mené tambour battant, et éclairé par un humour aussi irrésistible que douloureux. Un roman déchirant et réjouissant.
James Flint, Electrons libres (The book of ash, traduit de l’anglais par Alfred Boudry), Au Diable Vauvert, 2006, 548 pages, 24 €
[1] Au Diable Vauvert, 2002, réédité en Folio en 2004
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