Happy hooligans
Le 28 mai 2003
Une house à géométrie variable, qui doit autant à Basement Jaxx qu’aux Specials.
- Artiste : Audio Bullys
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Reprenant le flambeau des Specials, Happy Mondays ou The Streets, deux jeunots de 23 ans condensent le meilleur de la culture des lads britanniques sur douze hits potentiels. Et rappellent comment la vie quotidienne peut constituer un sujet intarissable et passionnant, pour peu que l’on sache en parler avec suffisamment de distance et de talent.
Bien qu’indubitablement actuelle, la musique de Simon Franks (chant/instruments/programmation) et Tom Dinsdale (dj/programmation) fait partie d’une tradition. Une tradition so british qui, des Kinks aux Happy Mondays, des Beatles à The Streets, réussit à marier avec bonheur deux invariables de la culture pop(ulaire) anglaise : la vie quotidienne au centre des textes, et le groove au coeur des mélodies. Car de ce côté-ci de l’Atlantique existe également un groove qui fait danser. Le terme, actuellement inévitablement rattaché à la musique noire américaine, trouve en effet pleinement son essence dans les déhanchés de la pop sixties ou la vague Northern Soul britanniques.
Et de groove, les chansons d’Audio Bullys n’en manquent pas. Un groove parfois un peu raide, certes, mais diablement efficace. Comment en effet ne pas succomber à ces mélodies simplissimes et à ces rythmiques poids lourds, qui confrontent gaiement sur un même disque la classe des Specials au UK garage le plus cradingue, la gouaille des Happy Mondays à une house de déménageurs ? On pense donc tantôt à Basement Jaxx (Face In A Cloud et son sample vocal, ou We Don’t Care, lointain cousin du Where’s Your Head At des Jaxx), tantôt aux Stereo Mc’s, dont on retrouve le phrasé-chanté (100 Million mordant presque la ligne du plagiat). Et puis on pense évidemment à The Streets, dont Tom Dinsdale louait récemment dans le magazine anglais Muzik le travail d’éclaireur pour toute une génération de producteurs amateurs : "The Streets et la vague UK garage ont ouvert la voie à notre son crade, et on peut aujourd’hui passer à la radio sans savoir comment produire proprement une chanson."
Nul besoin en effet d’un son léché et travaillé lorsqu’on possède des morceaux aussi efficaces et aussi prompts à s’installer dans la tête de l’auditeur. Pour peu que quelques djs de renom et une ou deux radios bien intentionnées tombent sous le charme de la chose, Ego War sera à n’en pas douter la bombe de l’été 2003.
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