Edouard et Caroline - le test DVD

Cette étincelante comédie de remariage à la française est une des plus belles réussite de Jacques Becker. On peut enfin la revoir à l’envi grâce à une excellente édition DVD.

L’argument : Édouard et Caroline, jeune couple d’amoureux, habitent un petit appartement. Édouard, pianiste, doit donner un concert. Pauvre et sans smoking, il va en emprunter un chez le cousin de sa femme. Pendant ce temps, Caroline décide de découper sa robe pour la mettre au goût du jour...
Dispute conjugale, cris, gifles, demande de divorce : il faudra toute la nuit pour que le couple se réconcilie enfin au petit matin.

Notre avis : Cette étincelante comédie de remariage, merveille de légèreté (argument des plus minces, tournage rapide en huit semaines), s’articule sur des dialogues étincelants, signés Annette Vademant, des acteurs sachant jusqu’où ils peuvent aller trop loin sans tomber dans la mécanique et une mise en scène réglée au millimètre qui met en place une scénographie précise (le deux-pièces exigu mais pourtant rigoureusement compartimenté entre chambre, séjour séparé du vestibule par un simple rideau, palier qui peut au besoin servir d’annexe pour téléphoner ; immense appartement bourgeois de l’oncle) et un sens infaillible du détail juste pour naviguer sans cesse au bord du gouffre (Edouard au piano butant trois fois de suite sur le même accord et se levant chancelant face à l’auditoire aux aguets) en laissant à distance tout sentimentalisme.

Anne Vernon dans Edouard et Caroline (Jacques Becker 1951)

Ce film à la fois caustique et totalement dénué de cynisme est une des très grandes réussites de Jacques Becker, à mille lieux de la qualité française dont il semble pourtant relever au premier abord.
Lire aussi notre critique.

Daniel Gélin dans Edouard et Caroline (Jacques Becker 1951)

Le DVD

Edouard et Caroline (Jacques Becker 1951)

On attendait depuis longtemps une édition DVD de ce joyaux qu’on ne se lasse pas de revoir. Tamasa répond à nos voeux le 5 mars 2013.

Les suppléments


Peu de compléments sur le disque lui-même : juste une précieuse galerie d’affiches d’époque (françaises mais aussi étrangères) et de trop succinctes filmographies (et pas celles de tous les merveilleux seconds rôles à qui la réussite du film doit tant).
Mais on se consolera sans trop de peine de l’absence de véritable bonus vidéo en lisant la brillante analyse du film par Charlotte Garson dans le livret de 16 pages, illustré d’affiches et de photos, contenu dans l’élégant digipack cartonné.
L’auteure y relève justement l’influence de Proust (la soirée mondaine très salon des Verdurin), la parenté avec le Renoir de La règle du jeu, mais aussi celle avec Le voleur de bicyclette (Edouard s’humiliant en venant demander un gilet au cousin de Caroline) et la comédie américaine de remariage, ou encore l’influence du film de Becker sur le Godard d’Une femme est une femme.

Elina Labourdette dans Edouard et Caroline (Jacques Becker 1951)

Elle souligne l’importance des détails vestimentaires (Touchez pas à la robe) et sonores (le carillon de la pendule pendant le concert) dans la mise en scène et le montage guidés par la musicalité et cite à propos la question essentielle posée par Stanley Cavell : Quel bruit fait donc un mariage heureux ?.

Image

La copie en parfait état et le report irréprochable permettent d’apprécier pleinement la superbe photo noir et blanc de Robert Lefebvre.

Son

Son mono d’une parfaite netteté que la restauration n’a pas aplati, lui conservant la tonicité indispensable.

Edouard et Caroline (Jacques Becker 1951)