Le 2 mars 2024
LIRE NOTRE CRITIQUE DE DUNE : DEUXIÈME PARTIE
Denis Villeneuve redéfinit les codes du film de divertissement grand public avec une fresque épique, renouvelant sans cesse sa narration, pour nous offrir une œuvre galvanisante, sonnant comme l’accomplissement d’un auteur parmi l’un des plus admirables de sa génération. Dune n’est pas le choc annoncé, il est bien plus que cela : une détonation.
- Réalisateur : Denis Villeneuve
- Acteurs : Charlotte Rampling, Javier Bardem , Stellan Skarsgård, Chen Chang, Josh Brolin, Oscar Isaac, Jason Momoa, Zendaya , Dave Bautista, David Dastmalchian, Rebecca Ferguson, Stephen McKinley Henderson, Timothée Chalamet
- Genre : Drame, Science-fiction
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h36mn
- Date télé : 17 mars 2024 23:35
- Chaîne : TF1
- Reprise: 7 février 2024
- Date de sortie : 15 septembre 2021
Résumé : L’histoire de Paul Atreides, jeune homme aussi doué que brillant, voué à connaître un destin hors du commun qui le dépasse totalement. Car s’il veut préserver l’avenir de sa famille et de son peuple, il devra se rendre sur la planète la plus dangereuse de l’univers – la seule à même de fournir la ressource la plus précieuse au monde, capable de décupler la puissance de l’humanité. Tandis que des forces maléfiques se disputent le contrôle de cette planète, seuls ceux qui parviennent à dominer leur peur pourront survivre…
Critique : II existe dans notre vie de cinéphile des moments où nous avons été happés instinctivement par une œuvre cinématographique. Une œuvre possédant une atmosphère propre et bien définie, écrite selon ses propres règles, une ambiance si contaminante, que ne serait-ce qu’un seul défaut émis par un interlocuteur vous semblera absurde tant l’expérience que vous avez vécu a été viscérale. Dune fait partie de cela. Troisième adaptation de l’œuvre monumentale de Frank Herbert, le film suit les pérégrinations de Paul Atreides, héritier présomptif de la maison Atréides, légataire de la planète Arrakis, un monde convoité par le baron Harkonnen, prêt à tout pour s’emparer de l’Épice, matière première vitale au voyage interstellaire. Dans la droite continuité de sa filmographie, Denis Villeneuve extirpe du roman un traitement inédit, continuant la réalisation sensorielle qu’il avait déjà expérimentée dans Premier contact et plus encore avec Blade Runner 2049 avec qui Dune partage nombre de similitudes à travers son apparente épure, l’absence de pyrotechnie inutile et la vision singulière d’un cinéaste décidément parmi l’un des plus admirables de sa génération. Ce projet de mise en scène se prolonge au sein du découpage technique, précis, minimaliste et anticonformiste. L’action est filmée intelligemment et la musique orchestrale de Hans Zimmer, entre sonorités tribales et envolées lyriques, accompagne parfaitement les coups d’éclat d’un film laissant beaucoup de place à l’interprétation et aux métaphores que le spectateur peut déceler au sein de cet univers de tous les possibles. La cinéaste ne fait jamais retomber la tension et nous entraîne dans un monde âpre, sublimé par une esthétique stupéfiante de maîtrise, l’architecture de ses décors et l’agencement méticuleux des éléments graphiques. Enfin, Dune ne serait pas aussi marquant sans la photographie de Greig Fraser, conviant le spectateur à admirer certaines séquences comme de véritables tableaux de maître, la colorimétrie mortifère vampirisant la caméra de chaque plan.
- Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
Dune n’a rien à voir avec le genre du space opera classique, ni même avec la production de divertissement américaine en général. Il s’agit d’une anomalie, un long métrage d’une extrême gravité, narrant davantage les prémisses d’un monde aux mille et une richesses plus qu’une réelle histoire d’origine. Soutenue par une écriture magnétique, cette histoire de conquête du pouvoir séduit d’emblée par cette ambivalence si belle entre la sublimation d’un antihéros, contemplant la tempête politique d’un monde à l’agonie, et le malaise ambiant créé par Villeneuve en mettant tout simplement en scène un jeune homme d’une bonté mise à rude épreuve. Timothée Chalamet, déjà pourvu d’une filmographie irréprochable, trouve ici un rôle à sa hauteur, transcendant le cheminement spirituel de son personnage pour en présenter une réinvention bienvenue. Nul doute que Dune dérangera, tant sa démarche très personnelle, comme Blade Runner 2049 l’avait si bien représenté en 2017, risquerait de braquer une partie du public et perturber les ambitions d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens, conscient de la mine d’or qu’il possède entre ses mains. Mais on ne peut bouder notre plaisir, un petit sourire en coin, en sortant de notre cinéma, se demandant par quel miracle le studio Warner a pu donner à Villeneuve carte blanche pour accomplir un tel projet. En espérant que le film saura, à l’instar d’une ambition démesurée de ce premier chapitre, agiter le monde sclérosé de l’industrie hollywoodienne pour proposer à ses spectateurs des œuvres aussi maîtrisées et hétéroclites et qui, par-dessus tout, marqueront durablement notre époque. Plus que cela, Dune est l’accomplissement d’un cinéaste esthète qui n’aura de cesse de surprendre, parasitant chaque genre appréhendé, du drame psychologique à la science-fiction, avec une imagerie frappante et un regard passionné.
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Benoit 20 septembre 2021
Dune - Denis Villeneuve - critique
Le film DUNE est une pâle copie de la guerre des étoiles, en beaucoup plus compliquée.
C’est à la fois grotesque et simpliste : le héros se bat contre des populations dont on a du mal à retenir le nom !! Il fuit avec sa maman dans un désert de sable, dont il sort vainqueur évidemment !!
On est bien en l’an Dix mille et quelques, mais on se bat au couteau comme à la préhistoire.
Je n’ai pas lu les livres, et je n’ai pas du tout l’intention de les lire, ce que j’ai vu est suffisant !!
De plus, c’est d’une longueur insoutenable, dans le cinéma où j’étais, les spectateurs se sont levés au bout d’une heure,
Je déconseille ce navet indigeste.
Benoît Bullier
magegahell 30 septembre 2021
Dune - Denis Villeneuve - critique
Étant grand fan de Dune (les livres, et encore uniquement ceux de Franck Herbert), mon avis est donc forcement biaisé.
L’œuvre originale est extrêmement dense, riche et fait parti de ces chefs-d’œuvres de la science-fiction (ou mêle de la littérature en général) réputés inadaptables. Comme Fondation, d’Isaac Asimov, mais apparemment une série va essayé !
Bien évidement, avec un matériau aussi riche et fascinant, doté d’une fanbase importante, Hollywood s’empêcher d’essayer... à de multiples reprises.
La première tentative fut celle de Jodorowsky, qui hélas s’enlise dans ses ambitions démesurées. Le projet avorte mais a tout de même apporté à Hollywood des visionnaires comme H.R Giger (qui donnera l’esthétique à Alien) ou Moebius. On murmure que le storyboard de l’œuvre aurait même inspiré un certain George Lucas pour son Star Wars.
La seconde tentative, qui aboutit cette fois, fut celle de David Lynch. Moins "ambitieuse", elle nécessita pas mal de coupes et adaptions de l’œuvre originale, encore aggravé par des des coupures/remontage exigées par les producteurs ne voulant pas d’un films de 3h-4h...
Cela aboutit à une œuvre confuse, un peu bâtarde, un peu kitch, un flop commercial mais le film en lui-même n’est, à mon avis, pas si mauvais que ça.
Dans cette version de Denis Villeneuve, le parti pris a été de prendre son temps pour poser le récit et les personnages, divisant le film en (au moins) deux parties. Chose "qu’oublie" un peu le marketing, ayant tendance à gommer le "Première partie" du titre, notamment sur les affiche. Imaginez le premier film du Seigneur des Anneaux sans son "La Communauté de l’Anneau" : le néophyte ne penserait-il pas voir toutes l’histoire en un film déjà long ?
Dune, première partie, est donc qu’un début, une œuvre incomplète qui à mon avis se savourera mieux une fois tout les films sortis, même si, comme pour le Seigneur des Anneaux ou Star Wars, chaque opus est sensé se suffire à lui même.
Vous noterez le "sensé".
Car cette première partie de la version de Dune de Denis Villeneuve n’est pas sans défaut, loin de là, et sa "conclusion temporaire" en fait parti.
Forcement, là il va me falloir entrer en partie "SPOILER"
Bon, vu les adaptions précédente et l’ancienneté de l’œuvre originelle...
Rien ici
Vous pouvez continuer votre lecture sans gâcher votre plaisir cinématographique.
J’ai vue le film ou je veux savoir
J’aurais aimé voir un peu plus des péripéties de Paul chez les Fremen à la fin.
Certes, le conclure sur le combat contre Jamis fait sens : en le tuant et en se liant avec les Fremen, Paul accepte de s’engager (à contrecœur) sur la voie du Jihad monstrueux qui hante ses visions.
Il clôt son passé de noble bardés de devoirs, de sujet de l’Empire pour rejoindre les hommes libres.
On passe de l’enfance (assez dorée malgré tout, en temps qu’héritier dans une Grande Maison) à l’age adulte.
Cependant, ces considérations presque philosophiques (tuer un homme revient à tuer une partie de soi-même nous dite le film) mis à part, c’est un peu brusque et "n’ouvre" pas vraiment à mon sens pour la suite.
Plus généralement, le film a quelques manques de rythmes. La filmographie et l’esthétique sont saisissantes, mais parfois un peu au détriment de l’histoire.
C’était probablement la faute au cinéma où j’ai visionné le film, mais la musique déjà grandiloquente était poussée à fond, notamment sur les basses, ce qui s’avéra un peu lourd au final (même si elle est superbe, Hans Zimmer connait sont affaire et arrive même à surprendre).
Niveau casting, pas de fausse note. Le Paul de Timothée Chalamet est crédible (ce qui n’est pas évident, vu l’âge du personnage). Rebecca Ferguson nous offre une Jessica plutôt étonnante, bien plus émotionnelle que ce qu’on pourrait supposer d’une Bene Gesserit. Je suis plus mitigé sur l’interprétation de Chani par Zendaya Coleman, qui m’a semblé n’être (pour l’instant, même si elle apparait souvent dans les vision onirique de Paul) qu’un cliché d’adolescente boudeuse comme on en voit désormais tant...
Le reste du casting est sympathique, même si certains personnages auraient pu mieux être exploiter et surtout expliquer (Yue, Thuffir). On sent que même en prenant tout son temps on ne peut pas tout mettre.
Le genderswap de Liet Kyne n’ai pas si gainant que ça, même si posant quelques soucis pour la cohérence de l’oeuvre, rien de bien méchant.
J’ai vu que l’on reprochait parfois au cast d’être trop statique/froid, dans une vision très épurée cher à Villeneuve... Ce qui est à mon avis logique, voire brillant.
En effet, comme le dit le critique d’Avoir-Alire, l’univers de Dune est pesant. Les Grandes Maisons et autres forces en présence sont enfermées dans un système féodal rigide où les apparences, le contrôle de soi (affiché) sont vitaux. Si l’entrainement Bene Gesserit et les Diseuses de Vérités ont été évoqués, les Mentats (humain formés à remplacer les ordinateurs) ne l’ont malheureusement pas été (Thuffir fait une petite démonstration de calcul mental, mais cela n’éclairent guère le néophyte).
Dans cette univers, il est donc logique que les nobles et leurs proches serviteurs ne montrent pas vraiment leurs émotions. A cela s’oppose la "joyeuse sauvagerie" des Fremen.
Dans les manques d’information, on pourra citer les docteur Suk (Yue, donc) et leur conditionnement impérial.
Les boucliers cinétiques sont quand à eux expliqués, mais visiblement tout le monde n’en perçoit pas l’importance : c’est eux qui oblige le combat au corps à corps (et un très spécifique, vu qu’il est obligatoire de ralentir sa frappe au dernier instant pour espérer le traverser). C’est ce qui interdit également l’usage de la majorité des armes à feu ou des bombardements (voilà pourquoi il est vital qu’un traître désactive les boucliers géants autour des bases, même s’il existe quelques armes étudiés pour, montrer dans le film avec les bombes intelligentes qui ralentissent avant impact ou le Chercheur-Tueur).
Un point a été oublié, qui conduit à une petite incohérence : l’interaction laser/bouclier qui déclenche une réaction nucléaire apocalyptique.
Quelques péripéties et informations sont aussi passé à la trappe, notamment le jardin secret des Harkonnen dans le Palais, la suspicions de traitrise de Jessica, ... Dans l’ensemble tout ça pourrait être apporté dans une version longue/director cuts de 4h qui ravirait le fan hardcore.
Ou alors, un découpage différent : en prenant son temps (encore plus) on pourrait conclure le film sur l’assaut des Harkonnen et ses conséquences, abordant le coté "Fremen" plus tard.
Pour conclure : même si le film n’est pas parfait, j’ai passé un fort bon moment, inattendue. Comme moult vieil aigris, je n’en attendais pas grand chose et j’ai donc été agréablement surpris. Une œuvre aussi massive me parait toujours inadaptable à la perfection, mais l’effort est plus qu’honorable.
J’espère qu’ils pourront continuer à sortir la (les ?) suite en maintenant cette qualité.
Mais ce n’est pas un film "pour tout le monde". Ce n’est pas un blockbuster de SF plus "classique" et l’adaptation lente, lourde parfois et esthétisante de Villeneuve ne plaira pas à tous les publics, même fans de l’univers.