Copyright Le Passage, 2018

Notre avis : Douce est le roman de la passion. Écrit à la première personne du singulier, la narratrice s’adresse à un "tu" que l’on sait être celui qu’elle a aimé, celui qui lui a fait découvrir ce qu’était l’amour fou et celui qui l’a détruite. Elle reprend leur histoire depuis le début, depuis leur rencontre, puis elle avance à tâtons. Elle raconte leurs frasques, les tromperies et la douleur, les mensonges et l’aveuglement, la mer et le sel, les vacances et le quotidien insupportable sans sa présence. Elle lui raconte à lui, à ce "tu" qui l’a tant fait souffrir, à qui elle a voulu tout donner, sans compter. Cette manière de se souvenir en paraissant rappeler à l’autre ce qui s’est passé, soulever ses manquements et lui montrer le mal qu’il a causé, nous touche indéniablement. C’est ce qui fait l’originalité de ce roman, ce qui permet au livre de se démarquer et de bouleverser son lecteur, qui se sent concerné, interpelé. Douce trouvera un écho chez quiconque a déjà vécu une rupture difficile, une histoire d’amour toxique. Un lecteur qui a déjà souffert d’aimer, qui a déjà vécu le noir de l’amour. Voilà pour qui l’auteure écrit.
Les sentiments sont dits simplement ou plutôt transcendent l’écriture de Sylvia Rozelier, sans qu’elle ait besoin de longues descriptions. Pas de dialogues superflus, encore moins de trame narrative complexe ou de jeux avec la temporalité : juste l’émoi, la passion et la douleur, cette douleur qui a rythmé leur relation, qui ne l’a jamais vraiment quittée. Ce sont les personnages principaux de ce livre, encore plus que Douce, la narratrice, qui est appelée ainsi par cet homme. Elle est Douce de par sa peau, et Douce aussi dans son caractère, dans sa manière de s’effacer pour mieux l’aimer.
Les phrases sont courtes, puis longues, elles disent le manque, le désir, l’angoisse, le déchirement des aurevoirs sur les quais de gare, des aurevoirs hurlés au téléphone, des aurevoirs que le silence a sous-entendus et des aurevoirs qui s’imposent.