Deux mâles en pis
Le 14 mars 2006
Une deuxième saison dans laquelle Philippe Djian s’amuse avec ses personnages comme un enfant avec ses jouets.
- Auteur : Philippe Djian
- Editeur : Julliard
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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Une deuxième saison dans laquelle Philippe Djian s’amuse avec ses personnages comme un enfant avec ses jouets. La famille Sollens semble de plus en plus ravagée par les tourments existentiels et des libidos exacerbées.
Dire que les choses se précisent serait mentir. En revanche, affirmer que Philippe Djian mène son lecteur par le bout du nez comme un téléspectateur avide de rebondissements et de méli-mélo sentimentaux est tout ce qu’il y a de plus juste. La première saison de Doggy bag avait permis de mettre en place une ribambelle de personnages, tous plus siphonnés les uns que les autres. Cette deuxième saison affine les caractères, intensifie les passions, brouille un peu plus les cartes.
Il est toujours question (évidemment !) de la famille Sollens mais le spot a légèrement changé de direction pour se braquer sur Irène et Victor, les parents de Marc et David. Car Victor, piteux (et pour se rapprocher de sa petite fille), a décidé qu’il était temps de fumer le calumet de la paix avec son ex, l’implorant de le réintégrer dans la grande maison familiale. Irène, pas toujours contrariante, a ravalé sa fierté avant d’accepter, bon gré mal gré. Edith et Marc ont décidé d’acheter une maison, cependant que Béa et David ont opté pour le mariage. Alors, elle est pas belle la vie ?
Eh bien non, elle n’est pas belle. Pas belle du tout même ! Car le malheur a une fâcheuse tendance à s’acharner sur cette famille dorée. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, jamais le malheur n’a autant fait sourire. Les Sollens, sans nul doute, méritent ce qui leur arrive. Même le lecteur le plus fleur bleue aura un mal de chien à écraser une larme, tant la cruauté de leur destin apparaît méritée. Djian se joue malicieusement des clichés en les essorant au maximum, plus encore que dans le volume précédent.
Mais il n’en oublie pas pour autant le rythme (des séquences toujours très brèves), un style extrêmement ciselé, et utilise une fois encore le thème de la tempête dévastatrice et l’omniprésence de l’eau pour faire avancer les choses. Les lecteurs ayant malencontreusement zappé la "saison 1" risquent fort d’avoir à rattraper leur retard avant d’apprécier la seconde à sa juste valeur. Contrairement aux séries télé que l’on peut prendre en cours sans trop de difficultés, la littérature continue d’exiger quelques efforts, même quand l’exercice de style est parfaitement réussi.
Philippe Djian, Doggy bag, Saison 2, Julliard, 2006, 298 pages, 19 €
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