Le 8 octobre 2019
- Scénariste : D. Kelvin>
- Dessinateur : Jean-Pierre Duffour
- Collection : Long John Silver
- Editeur : Rackham
- Date de sortie : 1er mars 2003
Les joyeux aphorismes d’un suicidaire raté.
Un miracle qu’il ait survécu jusque-là ! On pensait que L.D.’, le déprimé, allait mettre un terme à ses jours à peine son premier album refermé. Même pas. Duffour et Kelvin, ses parents, ont décidé de le garder en vie. Les sadiques. Enfin, pas trop quand même, puisqu’ils lui offrent une nouvelle chance : à raison de trois strips par planche, L’embryon fatal viendra peut-être à bout de ce quadra lessivé. Mais rien n’est joué.
"Les projets de vacances et les projets de suicide ont ceci en commun que la plupart du temps, on les rate." Constat lucide d’un spécialiste que l’on sent résigné. Aucun projet, d’ailleurs, dans cet album, sauf si se plaindre de son ex-femme, de Dieu ou du monde entier en est un. Il y a certes une volonté manifeste d’en finir, mais le gars semble trop attaché aux mots d’esprit pour en arriver à flinguer le sien. Rien de neuf, l’humour reste la politesse du désespoir, mais l’on ne tombe pas tous les jours devant une BD noire aussi gaie.
Dans son appartement qu’il ne quitte jamais, ne décollant de ses livres que pour regarder par la fenêtre, téléphoner à son pote, manger et aller aux toilettes, L.D.’ mène une vie ruminante. Le léger l’inspire : "Mon aide ménagère m’a demandé si je voulais qu’elle fasse la poussière. Je lui ai dit non. Qu’il y en avait déjà assez comme ça." Le grave aussi : "« La gloire de Dieu c’est l’homme debout », dit aujourd’hui la pancarte de l’église d’en face." Suit une case sans parole, puis le suicidaire, se couchant sur son lit, lance "Tiens, prends ça !" Dans la gueule ! Franquin, ses Idées noires et les cartouches Pan-Danlagl ne sont d’ailleurs pas bien loin. C’est dire à quel point ces aphorismes, agrémentés de citations de Baudelaire, Mallarmé ou La Rochefoucauld, touchent (le fond) à chaque coup.
Le dessin n’y est pas pour rien. Un trait minimaliste, flottant, incertain. Un noir et blanc sans nuance et pas seulement de circonstance. Des cases qui occupent par instants toute une page et qui se font alors l’écho des peurs de cette grosse masse sombre qu’est L.D.’. De quoi devenir égoïste et espérer que ce héros solitaire tienne au moins jusqu’au tome 3.
69 pages - 13,70 €
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