Le 15 octobre 2020
- Distributeur : The Walt Disney Company France
C’est un coup de massue : Disney officialise sa volonté de tourner ses efforts vers Disney+, en allant concurrencer Netflix et autres Amazon Prime. En clair : en délaissant les salles de cinéma.
Avis : Cela ressemble à un abandon.
On pressentait que Disney n’avait plus seulement la tête au cinéma. On savait que le lancement de Disney+, il y a seulement quelques mois, n’était qu’un essai avant que l’entreprise étende son influence et tente d’en faire une plateforme de streaming de premier choix. Ce qu’on n’attendait pas si vite, en revanche, c’était le brusque changement de paradigme qui s’est opéré chez la firme aux grandes oreilles, ces derniers jours.
Le cinéma va changer. On sentait l’affaire arriver après un confinement dont les exploitants ont du mal à se relever. La sortie de Mulan sur Disney+, et non plus en salle, entretenait l’inquiétude. La récente déclaration publique de son grand patron, Bob Chapek, achève de détruire le mythe : Disney n’est plus vraiment un studio de cinéma, et c’est parfaitement assumé.
Voyez plutôt (déclaration effectuée lundi 12 octobre sur CNBC) :
« Compte tenu de l’incroyable succès de Disney+ et de nos plans visant à accélérer notre tactique du producteur au consommateur, nous nous positionnons stratégiquement pour supporter notre stratégie de croissance et augmenter notre valeur actionnariale […] S’occuper de nos contenus sans la partie distribution nous permettra d’être plus efficaces et agiles pour proposer le contenu que nos consommateurs plébiscitent, délivré de la manière qu’ils préfèrent le consommer. »
L’entreprise se réorganise donc, avec une idée en tête : ne plus se préoccuper des salles de cinéma, vues comme une source de pertes. Disney ne fait donc plus de cinéma. Disney fait du Disney. Après tout, pourquoi les juger ? Le géant du divertissement vise à optimiser ses profits. Ne faisons pas comme si nous ne savions pas. Nous pouvons, en revanche, le déplorer. Le public devient le consommateur. Le cinéma devient un simple contenu.
Dans les heures suivant la déclaration, l’action de Disney grimpait de 5 %. Et la stratégie est assumée : la société souhaite interagir directement avec ses consommateurs (Chapek ne nomme pas son public autrement), sans intermédiaire. Sans distributeur, sans exploitant de salle. Sans partenaire qui pourrait faire de l’ombre à son profit.
Il y aurait beaucoup à dire sur les chiffres qui amènent Disney à changer de cap. Le relatif échec de Tenet aura sans doute achevé de les convaincre. Le plan était toutefois déjà établi, et la crise sanitaire a plutôt joué le rôle de catalyseur. En tout cas, un nouveau cinéma pourrait bien se profiler, et pas forcément moins plaisant. N’y aurait-il pas plus de place pour des films habituellement étouffés par les blockbusters ?
De plus, Disney a racheté de multiples studios de production, de Pixar à Lucasfilm en passant par la Fox. Et cela occasionne quelques cas de figures alambiqués. TOUS les films sortiront-ils sur la plateforme ? On a par exemple du mal à imaginer James Cameron, engagé dans un travail titanesque avec les suites d’Avatar, accepter que son bijou ne soit pas diffusé sur grand écran…
Nous vivons donc un moment charnière. La meilleure des réactions ne serait-elle pas d’aller au cinéma pour le défendre ?
Intervention de Bob Chapek : https://www.cnbc.com/2020/10/12/disney-reorganizes-to-focus-on-streaming-direct-to-consumer.html#close
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.