Le 17 juillet 2024
Une comédie anglaise mollassonne et convenue. On peine à s’intéresser aux péripéties policières et conjugales de ces personnages médiocres et égocentriques.
- Réalisateur : Matt Winn
- Acteurs : Anne Reid, Shirley Henderson , Rufus Sewell, Olivia Williams, Indira Varma, Alan Tudyk, Sylvester Groth, Amber Rose Revah
- Genre : Comédie, Comédie policière, Comédie noire
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Paname Distribution
- Durée : 1h30mn
- Titre original : The Trouble with Jessica
- Date de sortie : 17 juillet 2024
- Festival : Festival du film britannique de Dinard 2023
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Résumé : Sarah et Tom sont en proie à de graves difficultés financières : leur seule solution est de vendre leur maison londonienne. Lorsque leurs amis débarquent pour un dernier dîner, Jessica, une vieille amie, s’invite et se joint à eux. Après une dispute à première vue sans importance, Jessica se pend dans le jardin. Tom s’apprête à appeler la police lorsque Sarah réalise que si l’acheteur l’apprend, la vente tombera à l’eau, ruinant ainsi leur couple. La seule façon de s’en sortir est de ramener le corps de Jessica dans son propre appartement. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Critique : « La meilleure comédie britannique depuis le Brexit », promet l’affiche française… Prix spécial du jury et prix du public au Festival de Dinard 2023, Dîner à l’anglaise est le premier long métrage de Matt Winn à connaître une distribution en France. Le cinéaste et scénariste, qui a également travaillé pour la télévision anglaise et signé une centaine de films publicitaires, est l’auteur de deux courts métrages, The Brunchers (2013) et We Are Happy (2015), qui égratignaient la classe moyenne britannique. C’est également la volonté déployée avec The Trouble with Jessica (titre original), axé sur deux couples de petits bourgeois dont l’existence confortable va être remise en cause après le suicide d’une amie commune. Richard (Rufus Sewell), richissime avocat spécialisé dans la défense des violeurs, est marié à Beth (Olivia Williams), conseillère conjugale réconfortant des femmes battues. Ce postulat stupide n’est pas le pire du scénario malin et faussement audacieux coécrit avec James Handel. Le couple est invité à dîner par Tom (Alan Tudyk) et Sarah (Shirley Henderson). Le cabinet d’architecture de Tom ne suffit pas à éponger les dettes du ménage, contraint de vendre la superbe villa familiale. L’arrivée impromptue de Jessica (Indira Varma), femme fatale qui accompagne Richard et Beth, va mener à une soirée cauchemardesque…
- Shirley Henderson
- © 2023 Bright Pictures / Paname Distribution. Tous droits réservés.
Matt Winn précise dans ses notes d’intention : « Quand on a un toit au-dessus de la tête, un travail, un peu d’amour, un certain degré d’estime de soi, on passe le plus clair de son temps occupé par les petites choses du quotidien. Mais avec DÎNER À L’ANGLAISE, je voulais explorer un groupe de personnages dont les vies sont plutôt parfaites vues de l’extérieur, jusqu’à ce qu’ils soient frappés un jour par un événement qui change radicalement leur vie. J’étais curieux de prendre quatre personnages, comme des vieux amis, des couples mariés que je connaissais bien, et de les placer sous un microscope après un tel événement. Comment s’en sortent-ils ? Leurs valeurs "civilisées" les maintiennent-ils sur un pied d’égalité ou se transforment-ils en monstres ? » Le problème est que l’on rit rarement face aux péripéties de personnages médiocres et égocentriques. Ce n’est pas l’humour noir qui cause problème et celui-ci a donné lieu a de nombreux fleurons du cinéma anglais, de Tueurs de dames à Un poisson nommé Wanda. Car ces films bénéficiaient d’une écriture solide et d’une mise en scène séduisante.
- Rufus Sewell
- © 2023 Bright Pictures / Paname Distribution. Tous droits réservés.
Ce n’est pas non plus l’impression d’assister à un « Au théâtre ce soir » qui gêne (le script n’est pourtant pas tiré d’une pièce) : la comédie policière filmée en huis clos a également engendré des merveilles filmiques, d’Arsenic et vieilles dentelles à 8 femmes, car tout y respirait la finesse et le rythme cinématographique. Ici, la narration est téléphonée et l’hommage indirect au Hitchcock de Mais qui a tué Harry (The Trouble with Harry) et La corde prend des allures de pétard mouillé. Et que dire de ces intertitres redondants (The trouble with the neighbours, The trouble with the law, The trouble with the guilt…) qui ne rendent que plus prévisibles les retournements de situation et quiproquos avec coups de sonnettes inopinés et aveux peu glorieux ? On ne sauvera même pas l’interprétation, tant les comédiens peinent à relever le niveau, la palme du cabotinage incombant à une Shirley Henderson guère aidée par son personnage mesquin et déplaisant. C’est dommage pour Rufus Sewell, ex-gloire de Dark City, qui avait effectué un beau retour ces dernières années avec des seconds rôles remarqués dans Old ou The Father. Au crédit du film, portons toutefois un soin technique indéniable dû notamment au directeur photo Tristan Oliver venu du cinéma d’animation et qui avait collaboré avec Wes Anderson. C’est peu pour compenser la fadeur de ce plat estival.
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