Le 3 mars 2014
- Festival : Les Oscars 2014
DiCaprio n’a pas encore décroché l’Oscar ? L’histoire du cinéma est là pour nous rappeler que d’illustres prédécesseurs ont dû attendre longtemps, quitte à ne jamais l’obtenir...
Nommé pour la première fois en 1995 pour son rôle dans Gilbert Grape, le jeune Leo dut s’incliner devant Tommy Lee Jones dans Le fugitif. En 1999, Titanic obtenait 12 Oscars mais son acteur principal n’était même pas cité. Nommé par la suite en tant que meilleur acteur pour The aviator et Blood diamond, Di Caprio vit la statuette être respectivement octroyée à Jamie Foxx et Forest Whitaker. Ignoré pour ses prestations chez Spielberg ou Tarantino, l’acteur n’a pas vu son sort s’améliorer avec le palmarès des Oscars 2014. On peut penser que Joaquin Phoenix et surtout Ryan Gosling suivent la même voie... Mais le cas DiCaprio n’est pas unique dans l’histoire des Oscars. Il ne sera pas question ici des réalisateurs cultes, nombreux à être repartis bredouille, à commencer par Stanley Kubrick. Mae West, truculente interprète de Je ne suis pas un ange et Lady Lou (1933), ne fut jamais nommée et n’obtint aucun Oscar d’honneur. Le même sort a été réservé à celui qui fut parfois son partenaire, le désopilant W. C. Fields (1880-1946). Ne furent guère plus chanceux Jean Harlow, la Blonde platine des années 30, certes disparue prématurément, Robert Taylor, le séducteur de l’âge d’or de Hollywood, ainsi que John Barrymore (1882-1942), le membre le plus prestigieux de la célèbre famille d’acteurs. Nombreux sont les autres acteurs de talent ignorés ou presque par l’Académie, y compris pour des interprétations de légende, comme Errol Flynn dans Les aventures de Robin des Bois, Simone Simon dans La Féline, Rita Hayworth dans Gilda, Ida Lupino dans La femme aux cigarettes, Joseph Cotten dans L’ombre d’un doute, Kim Novak dans Vertigo, Anthony Perkins dans Psychose, James Mason dans Lolita, Natalie Wood dans West Side Story, Mia Farrow dans Rosemary’s baby et les films de Woody Allen, Shelley Duvall dans Trois femmes et Shining, Pam Grier dans Jackie Brown, Naomi Watts dans Mulholland Drive, Julianne Moore dans Loin du paradis. DiCaprio ne doit donc pas trop se plaindre et pourra peut-être espérer obtenir l’Oscar dans trente ans, quand il sera honoré par un Life Achievement Award, à l’instar de Lillian Gish, actrice de Griffith à Altman, Barbara Stanwyck, l’interprète sublime d’Assurance sur la mort, ou Peter O’Toole, 8 fois nommé et jamais vainqueur, même pour Lawrence d’Arabie. Mais DiCaprio aura peut-être le vrai trophée du meilleur acteur beaucoup plus tard dans sa carrière, avec le risque d’être distingué pour un film mineur, comme cela fut le cas pour John Wayne, Henry Fonda et Al Pacino, voire Paul Newman. Leonardo pourrait aussi remporter l’Oscar s’il se lançait un jour dans la mise en scène, suivant l’exemple d’acteurs réalisateurs uniquement récompensés en tant que cinéastes. L’Académie a en effet ignoré les compositions de Warren Beatty dans Bonnie and Clyde, Robert Redford dans Jeremiah Johnson ou
Clint Eastwood dans L’inspecteur Harry. Pour ce qui est du métier d’acteur, d’aucuns objecteront que le jeu de DiCaprio dans le dernier Scorsese flirte avec le cabotinage et que Matthew McConaughey n’a pas volé son prix. Ils ont sans doute raison. Une malédiction semble pourtant s’abattre sur Leo, 4 fois nommé en 20 ans, et jamais lauréat. aVoir-aLire revient sur les rendez-vous ratés d’autres acteurs d’exception avec les Oscars.
Lauren Bacall : le grand sommeil de l’Académie
Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1997 pour Leçons de séduction mais battue par Juliette Binoche dans Le patient anglais. La partenaire mythique de Bogart, avec lequel elle a formé un couple de légende pour Howard Hawks ou Delmer Daves, a été ignorée pour ses autres films. Lauréate d’un Oscar d’honneur en 2010.
Richard Burton : moins chanceux qu’Elizabeth Taylor
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1953 pour My cousin Rachel mais battu par Anthony Quinn dans Viva Zapata !. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1954 pour La tunique mais battu par William Holden dans Stalag 17. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1955 pour Becket mais battu par Rex Harrison dans My fair Lady. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1966 pour L’espion qui venait du froid mais battu par Lee Marvin dans Cat Ballou. Nommé à l’oscar du meilleur acteur en 1967 pour Qui a peur de Virginia Woolf ? mais battu par Paul Scofield dans Un homme pour l’éternité. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1970 pour Anne des mille jours mais battu par John Wayne dans 100 dollars pour un shérif. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1978 pour Equus mais battu par Richard Dreyfuss dans Adieu je reste. Et pourtant, les Oscars raffolent des comédiens shakespeariens !
Charles Chaplin : longtemps soupçonné de communisme et d’antiaméricanisme
Lauréat d’un Oscar d’honneur en 1929 et 1972. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1941 pour Le Dictateur mais battu par James Stewart dans Indiscrétions. Ignoré en tant qu’acteur pour ses autres films. La très américaine standing ovation qu’il reçut en 1972 sembla révéler une repentance collective.
Montgomery Clift : une place au soleil mais sans Oscar
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1949 pour Les anges marqués mais battu par Laurence Olivier dans Hamlet. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1952 pour Une place au soleil mais battu par Humphrey Bogart dans La reine africaine. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1954 pour Tant qu’il y aura des hommes mais battu par William Holden dans Stalag 17. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1962 pour Jugement à Nuremberg mais battu par George Chakiris dans West Side Story. Sa composition dans Freud passions secrètes de John Huston et ses autres rôles furent ignorés. il n’en reste pas moins l’un des meilleurs acteurs de l’histoire du 7e art.
James Dean : pas de nomination pour La Fureur de vivre
Nommé à titre posthume à l’Oscar du meilleur acteur en 1956 pour À l’est d’Eden mais battu par Ernest Borgnine dans Marty. Nommé à titre posthume à l’Oscar du meilleur acteur en 1957 pour Géant mais battu par Yul Brynner dans Le roi et moi. Les Oscars sont passés à côté de cette étoile filante devenue mythique.
Johnny Depp : l’acteur culte de Burton devra encore attendre
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 2004 pour Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl mais battu par Sean Penn dans Mystic River. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 2005 pour Neverland mais battu par Jamie Foxx dans Ray. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 2008 pour Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street mais battu par Daniel Day Lewis dans There will be blood. Ignoré pour ses autres films. L’aura-t-il avant Leo ?
Marlene Dietrich : l’ange bleu et impératrice rouge sans victoire
Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1931 pour Morocco mais battue par Marie Dressler dans Minn and Bill. Ignorée pour ses autres films, malgré son attitude patriotique et courageuse pendant la Seconde Guerre mondiale. La star et muse de Sternberg, interprète de Lang, Clair, Hitchcock et Welles, n’en reste pas moins un mythe.
Kirk Douglas : les sentiers de l’oubli
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1950 pour Le champion mais battu par Broderick Crawford dans Les fous du roi. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1953 pour Les ensorcelés mais battu par Gary Cooper dans Le train sifflera trois fois. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1957 pour La vie passionnée de Vincent Van Gogh mais battu par Yul Brynner dans Le roi et moi. Celui qui fut ignoré pour ses deux interprétations chez Kubrick et ses autres films recevra un Oscar d’honneur en 1996. Il était temps...
Greta Garbo : la Divine loin des sunlights
Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1931 pour Anna Christie mais battue par Norma Shearer dans La divorcée. Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1938 pour Le roman de Marguerite Gautier mais battue par Luise Rainer dans La terre chinoise. Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1940 pour Ninotchka, mais battue par Vivien Leigh dans Autant en emporte le vent. Ignorée pour ses autres films. Lauréate d’un Oscar d’honneur décerné en son absence en 1955. Le mythe Garbo est au-dessus de ces trophées aléatoires.
Ava Gardner : Pandora sans statue
Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1954 pour Mogambo mais battue par Audrey Hepburn dans Vacances romaines. Ignorée pour ses autres films. On aurait aimé voir récompensée l’inoubliable interprète de La comtesse aux pieds nus, véritable déesse du 7e art.
John Garfield : Le « Gabin du Bronx » victime du maccarthysme
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1939 pour Four daughters mais battu par Walter Brennan dans Kentucky. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1948 pour Sang et or mais battu par Ronald Colman dans A double life. Ignoré pour ses autres films. Il faut redécouvrir ce comédien immense, surtout célèbre pour Le facteur sonne toujours deux fois.
Cary Grant : Ne le cherchez ni chez Hitchcock, ni chez Hawks
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1942 pour La chanson du passé mais battu par Gary Cooper dans Sergent York. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1945 pour Rien qu’un cœur solitaire mais battu par Bing Crosby dans La route semée d’étoiles. Rien pour ses autres films majeurs dont La mort aux trousses et Elle et lui. Un Oscar d’honneur lui fut décerné en 1970.
Steve McQueen : rien pour la star de Bullitt
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 1967 pour La canonnière du Yang-Tsé mais battu par Paul Scofield dans Un homme pour l’éternité. Ignoré pour ses autres films. Les cinéphiles du monde entier n’en vénèrent pas moins l’acteur culte de L’affaire Thomas Crown et Papillon.
Robert Mitchum : même pas nommé pour La Nuit du chasseur
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1946 pour Les forçats de la gloire mais battu par James Dunn dans Le lys de Brooklyn. Ignoré pour ses autres films. Mais le mythe Mitchum n’a pas besoin d’un Oscar.
Marilyn Monroe : les Oscars n’aiment pas les Blondes
Ignorée pour tous ses films, mais Certains l’aiment chaud lui permit d’obtenir un Golden Globe.
Brad Pitt : seulement récompensé comme coproducteur
Nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 1996 pour L’armée des 12 singes mais battu par Kevin Spacey dans Usual suspects. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 2009 pour L’étrange histoire de Benjamin Button mais battu par Sean Penn dans Harvey Milk. Nommé à l’Oscar du meilleur acteur en 2012 pour Le stratège mais battu par Jean Dujardin dans The Artist. Brad Pitt fait partie de ces acteurs qui comme Marilyn ou DiCaprio ont cependant décroché un Golden Globe.
Edward G. Robinson : rien pour le plus célèbre méchant de Hollywood
Ignoré pour tous ses films. Il a pourtant été un acteur majeur, de ses rôles marquants dans les polars des années 30 (Le petit César) à ses compositions dans Les dix commandements ou Soleil vert, en passant par Assurance sur la mort. Un Oscar d’honneur répara cette injustice en 1972.
Gena Rowlands : le cinéma de Cassavetes hors norme
Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1975 pour Une femme sous influence mais battue par Alice Burstyn dans Alice n’est plus ici. Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1981 pour Gloria mais battue par Sissy Spacek dans Nashville Lady. Ignorée pour ses autres films. Le vrai cinéma indépendant n’a pas sa place dans l’industrie formatée hollywoodienne.
Gloria Swanson : le crépuscule de la gloire d’une star du muet
Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1929 pour Sadie Thompson mais battue par Janet Gaynor dans L’heure suprême, L’aurore et Street angel. Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1930 pour L’intruse mais battue par Norma Shearer dans La divorcée. Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1951 pour Boulevard du crépuscule mais battue par Judy Holliday dans Comment l’esprit vient aux femmes. Ignorée pour ses autres films. Gloire du muet ou actrice sur le retour magnifiée par Wilder, elle n’eut pas de chance avec l’Oscar.
Gene Tierney : L’interprète de Laura et la reine du film noir
Nommée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1946 pour Péché mortel mais battue par Joan Crawford dans Le roman de Mildred Pierce. Ignorée pour ses autres films. L’actrice culte de Preminger et Mankiewicz ne fut vraiment vénérée que bien après s’être retirée des Studios.
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