Ce lieu sans limites
Le 15 décembre 2004
Variations impressionnistes dans un monde clos qui ondule au fil de la mémoire. Un objet rare.
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– Durée : 1h30mn
Variations impressionnistes dans un monde clos qui ondule au fil de la mémoire. Un objet rare.
L’argument : Des personnages se croisent et se racontent, autour de Don Federico, l’écrivain. Ou peut-être est-ce lui qui raconte, qui trace sa vérité des choses ? A moins que ce ne soit le rêve qui envahit la vie jusqu’à effacer les frontières... Ou la mort, qui joue les faux-semblants.
Notre avis : Au regard d’une œuvre qui prend naissance en 1960, Dias de campo fait figure d’objet rare. Pour son premier film de fiction chilien, Raul Ruiz retourne aux sources pour y trouver une nouvelle inspiration.
Dès la scène initiale, le ton est donné. Laissez au vestiaire les vieux tics cartésien, ici, la vérité est ailleurs. Au royaume des morts, peut-être ? On serait alors dans l’envers du décor, à la manière d’un Juan Rulfo, d’un Garcia Marquez ou d’un Donoso, à la croisée des mondes. Et cette croisée, c’est peut-être justement le souvenir. Le seul monde où se croisent les vivants et les morts, où s’éternisent les morceaux de vie de tous ceux qui ont partagé la route de Don Federico. Un monde un peu mouvant, fuyant, fantasque, mais qui donne sa saveur au présent, une raison aux mensonges, un sens à l’oubli.
Inutile de chercher une trame dans ce qui ressemble plus à des variations impressionnistes qu’à une véritable chronique familiale. Les moments s’enchaînent, construisant un univers hors du temps et de l’espace, un monde clos couleur sépia qui ondule au fil de la mémoire. Les allumettes grandissent et obstruent la chaussée, des gouttières se forment même quand il ne pleut pas, et il suffit parfois de rêver d’avoir mangé pour s’en trouver rassasié. Raul Ruiz ne renie pas son amour pour la littérature, et ici, elle passe forcément par le réalisme magique, cette saveur si particulière de l’imaginaire sud-américain, cette infinie extension des limites et de la réalité. Plus de repères, sauf ceux des sentiments et d’une image superbe aux couleurs du souvenir.
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