Le 19 décembre 2016
Pleins feux sur la jeunesse cambodgienne d’aujourd’hui.
- Réalisateur : Davy Chou
- Acteurs : Sobon Nuon , Cheanick Nov, Madeza Chhem
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Thaïlandais, Cambodgien, Qatarien
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h39mn
- Date de sortie : 28 décembre 2016
- Festival : Festival de Cannes 2016
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Diamond Island est une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers pour en faire le symbole du Cambodge du futur, un paradis ultra-moderne pour les riches. Bora a dix-huit ans et, comme de nombreux jeunes originaires des campagnes, il quitte son village natal pour travailler sur ce vaste chantier. C’est là qu’il se lie d’amitié avec d’autres ouvriers de son âge, jusqu’à ce qu’il retrouve son frère aîné, le charismatique Solei, disparu cinq ans plus tôt. Solei lui ouvre alors les portes d’un monde excitant, celui d’une jeunesse urbaine et favorisée, ses filles, ses nuits et ses illusions.
Critique : En 2012, le jeune réalisateur franco-cambodgien Davy Chou se fait connaître grâce à son documentaire Le sommeil d’or évoquant la disparition du cinéma de son pays d’origine, lors de l’arrivée des Khmers rouges. C’est par le prisme de la jeunesse que Diamond Island se penche sur le présent d’un pays qui, entre globalisation et modernité, tente de faire table rase de son passé.
La marche en avant inexorable de cet État d’Asie du Sud-Est se caractérise par la construction d’immeubles gigantesques, de centres commerciaux démesurés dans ce quartier insulaire de Phnom Penh, entraînant sans remords la destruction de toute trace d’histoire et de culture. Ce lieu, qui nous enferme, incarne le rapport passionnel et cruel entre la jeunesse et le mythe de modernité en marche. C’est à lui que revient le premier rôle du film.
- Copyright les films du Losange
Entre naïveté et violence, des garçons et des filles s’approprient ces blocs d’immeubles non finis. Le jour, cette jeunesse échappée des campagnes dans l’espoir de jours meilleurs accepte de bon gré de se transformer en esclaves, en s’éreintant à effectuer un travail usant et dangereux (certains tombent de l’échafaudage) dans le seul but de faire avancer ce Cambodge du futur. Le soir venu, entre drague timide, virées en scooter et découverte des boîtes de nuit, ils ont la sensation de vivre enfin. L’utilisation fréquente de plans larges incluant tant le chantier et la pauvreté que le luxe des immeubles, symbole de richesse, inscrit constamment les personnages dans le décor et accentue le dialogue entre l’île et ses jeunes habitants. Si le récit est sans esbroufe, les couleurs flashy et les guirlandes de néons colorés alternant avec la lumière blanche du jour lui insufflent un charme sensuel et vibrant. Doucement mais efficacement, se dégagent les désirs d’une transition de l’utopie communiste à un libéralisme assumé.
- Copyright les films du Losange
S’éloignant de la poésie, l’histoire avance lentement mais inexorablement vers une atmosphère plus sombre. Les retrouvailles avec Solei, ce frère parti depuis cinq ans sans donner de nouvelles, propage le doute dans l’existence de Bora. Il ne reconnaît pas ce garçon équivoque et sulfureux qui possède une moto, distribue des cadeaux à ses proches sans compter et évoque un « mécène » prêt à leur offrir l’Amérique. Solei, qui, sans aucun doute a du renoncer à une bonne part de son innocence, constitue la preuve vivante du prix à payer pour s’extirper d’une condition misérable et égratigne alors l’insouciance de Bora.
L’industrie cinématographique cambodgienne étant encore balbutiante, il n’existe pratiquement pas de comédiens professionnels. Le réalisateur a donc cherché ses acteurs dans les rues de Phnom Penh et même à Diamond Island. Vierges de toute expérience cinématographique, ils puisent dans leur vécu pour transmettre une vérité évidente à leurs personnages. La vitalité et l’insolence de la jeune Aza apportent à quelques scènes une authenticité inespérée et l’on ne peut que croire à l’optimisme de Bora.
- Copyright les films du Losange
Enfin, il convient de souligner la force de la musique qui, en mélangeant couleurs orchestrales et couleurs synthétiques, épouse totalement l’émotion du film.
Baignée dans un creuset onirique de sons, de couleurs et d’images, Diamond Island a tout d’une romance lumineuse dédiée à un peuple bien décidé à prendre son destin en main.
– Semaine de la critique Cannes 2016
- Copyright les films du Losange
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.