Le 31 juillet 2023
Malgré une froideur qui pourra rebuter, ce dernier film de Davy Chou propose un regard singulier et intéressant sur l’identité et les racines culturelles.
- Réalisateur : Davy Chou
- Acteurs : Louis-Do de Lencquesaing, Yoann Zimmer, Park Ji-min, Oh Kwang-rok, Guka Han, Kim Sun-young
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Belge, Cambodgien, Qatarien
- Distributeur : Les Films du Losange
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h58mn
- Date de sortie : 25 janvier 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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– Sélection officielle Cannes 2022 : Un Certain Regard
– Sortie DVD : 4 juillet 2023
Résumé : Sur un coup de tête, Freddie, vingt-cinq ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues.
Critique : Réalisateur franco-cambodgien, Davy Chou avait été révélé par le documentaire Le sommeil d’or, avant de signer son premier long métrage de fiction, Diamond Island, évocation puissante et sans concessions de la jeunesse vivant à Phnom Penh. Coproduction majoritairement française, Retour à Séoul, sélectionné dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2022, est né d’une volonté du cinéaste de se référer à deux événements. Le premier est l’expérience d’une amie française ayant eu un parcours similaire à celui de son personnage, Freddie. Le second est le propre vécu du réalisateur, né en France de parents cambodgiens, mais qui a découvert le pays de sa famille à l’âge adulte, avec un désir de s’approprier de nouveaux codes culturels. Étalé sur huit années, le récit pourra dérouter, voire rebuter dans sa première partie, d’une froideur quasi clinique, avec des dialogues sonnant souvent faux et des personnages assez stéréotypés, évoluant dans un cadre peu crédible (la nouvelle amie parlant français et servant de traductrice, le père biologique forcément alcoolique, l’amoureux éconduit). Les mines boudeuses de l’actrice Park-ji Min, au jeu peu expressif et ne dégageant nulle émotion, n’arrangent rien.
- @ 2022 Aurora Films. Tous droits réservés.
Mais le métrage trouve ses marques après une ellipse temporelle permettant de retrouver Freddie deux ans plus tard, cette fois-ci installée (provisoirement ?) à Séoul. La narration gagne alors progressivement en finesse d’écriture, tout en proposant une réflexion intéressante sur les nouvelles identités que doivent se forger les enfants adoptés retrouvant leur racines. Davy Chou évite le style démonstratif inhérent aux films à thèse, et parvient finalement à rendre son personnage plus nuancé qu’il n’en avait l’air, sans la tentation du retournement de scénario malin. La mise en scène, sans affèteries, est au service de cette radioscopie de l’incommunicabilité, et l’on appréciera en particulier la singularité du travail sonore, sur les plan linguistique et musical, ainsi que la manière avec laquelle le réalisateur filme Séoul, au gré de l’évolution psychologique de la protagoniste.
- @ 2022 Aurora Films. Tous droits réservés.
Il tient ainsi à préciser : « Les différentes langues, le français, le coréen et l’anglais se succèdent et tournoient ensemble, ce qui raconte déjà cette impossibilité de vraiment pouvoir exprimer les choses. Il y a comme une perte dans la traduction. La musique vient pallier quelque chose d’empêché (…) Au départ, j’étais excité de prendre le contrepied de ce qu’on attend d’un film de voyage, avec beaucoup d’extérieurs. Je me disais que je voulais faire un film d’intérieur. C’est aussi dû à mon expérience : à Séoul on passe beaucoup de temps dans les bars, dans les restos. Je pense que cette évolution traduit la trajectoire intérieure du personnage qui se confronte à elle-même et à son passé ». Au final, Retour à Séoul est une œuvre à recommander, même si l’on est en droit de ne pas adhérer pleinement à son dispositif.
Le test DVD
Image :
L’éclairage et la photographie sont excellents et puisent dans une palette de variations réussies. Le film est immersif autant pour les scènes d’intérieur pléthoriques que pour les scènes extérieures, surtout dans la mégalopole de Séoul.
Son :
Retour à Séoul est indissociable de sa bande originale hétéroclite avec deux frenchies bourrés de talent à la baguette : Christophe Musset et Jérémie Arcache. Leur morceau électro Anybody est un titre phare devenu viral de surcroît.
Suppléments :
Le spectateur ne sera pas déçu et en apprendra beaucoup sur les intentions de la réalisatrice et le jeu de l’actrice principale :
– Entretien avec Davy Chou ;
– Essais de l’actrice Park Ji-min ;
– Répétitions de Park Ji-min.
Galerie photos
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