Le 18 novembre 2024
Un premier long métrage attachant, qui distille une atmosphère prenante, et révèle de jeunes acteurs inspirés.
- Réalisateur : Agathe Riedinger
- Acteurs : Guillaume Verdier, Alexis Manenti, Andréa Bescond, Idir Azougli, Malou Khebizi, Antonia Buresi
- Genre : Drame, Teen movie, Drame social
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 20 novembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, En compétition
Résumé : Liane, dix-neuf ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la téléréalité la possibilité d’être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu’elle passe un casting pour « Miracle Island ».
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Produit par Silex Films, Diamant brut est le premier long métrage d’Agathe Roedinger, également auteure du scénario. Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris (ENSAD), la réalisatrice, également photographe, s’était jusque-là distinguée par deux courts, J’attends Jupiter et Eve, remarquée dans plusieurs festivals. Diamant brut, en compétition officielle à Cannes, reprend un thème cher à la cinéaste, à savoir la condition féminine. Vivant dans un logement social avec sa mère (Andréa Bescond) et sa petite sœur, Liane (Malou Khebizi) se cherche univers en guise d’échappatoire, via les réseaux sociaux. Fière de ses vidéos et de ses milliers de followers, la jeune femme se dit influenceuse, publie de nombreuses vidéos, et se projette en Kim Kardsahian varoise. Aussi, quand une société de téléréalité lui propose un casting pour participer à une émission, Liane se voit déjà star dans ce milieu, quitte à susciter les moqueries de sa mère, le scepticisme de ses bonnes copines et l’agacement du jeune homme qui la courtise.
- © 2024 Silex Films. Tous droits réservés.
La réalisatrice trouve le ton juste dans la description des errements d’une jeune fille qui se cherche. Nous sont épargnés la dénonciation facile du miroir aux alouettes médiatico-numérique, le misérabilisme d’un certain cinéma social français, les clichés d’un énième récit sur une aliénation féminine ou le jeunisme démagogique. Agathe Roedinger préfère une tonalité contrastée, ne jugeant pas ses personnages, dans la lignée d’un Renoir professant que « chacun a ses raisons ». Elle précise ainsi dans le dossier de presse : « une des directives les plus importantes était de rester à hauteur de mon personnage pour que l’on sente vraiment que je ne la juge pas, ni elle, ni son environnement, ni son rêve. Rester à la bonne distance, c’est faire en sorte que l’on ne voie aucune fabrication. Il fallait donc éviter la caricature, que ce soit par la représentation des corps déjà hyperboliques, des émotions dont les curseurs étaient continuellement poussés. » Plusieurs scènes délicates attestent de la capacité de la réalisatrice à suggérer plus que démontrer, semer le doute plutôt que convaincre, à l’image de cette virée nocturne dans une baraque, qui montre la protagoniste partagée entre son désir et un souci de liberté ; il en est de même pour ces séquences de maquillage ou d’auto-tatouage traités comme des rites tribaux ; ou encore de cette incursion surprenante du religieux, lorsque Liane prie dans le train ou apprend à Dino la prière à Saint Joseph.
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On pourra certes objecter que Diamant brut n’est en fin de compte pas si novateur que cela, les rapports avec la mère ou l’amoureux évoquant Rosetta des Dardenne (Liane est également filmée de dos), les engueulades familiales faisant écho à Pialat, et la description d’une jeunesse désœuvrée du sud de la France ayant déjà été proposée dans Shéhérazade ou Rodéo. Il n’empêche que le film est réellement attachant. Et il n’est pas superflu d’ajouter que la réalisatrice dirige à la perfection ses jeunes interprètes, dont Idir Azougli, déjà aperçu dans plusieurs films tels Bac Nord et Le théorème de Marguerite.
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