Le théorème de Marguerite - Anna Novion - critique

Copyright photos © TS PRODUCTIONS - Photographe Michaël CROTTO

Critique : Le nombre d’inconnus dans l’équation est incalculable et s’annonce exponentiel. Les murs d’une chambre, puis d’un salon, puis d’un appartement sont dans la vie de Marguerite des tableaux noirs pour élargir l’espace vital de ses névroses abandonniques à l’infini. Il s’agit de lutter contre les traumatismes pré-adolescents comme contre tout sentiment d’impuissance face aux mystères mathématiques. Obsessionnelle insomniaque, Marguerite devra apprendre le lâcher prise et quelques pas de côtés plus loin, faire l’expérience de la vie pour gagner en maturité et venir à bout de théorèmes auxquels la communauté mathématique internationale se heurte irrémédiablement.

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Malgré quelques ficelles scénaristiques, le nouveau film d’Anna Novion est une excursion dans le pays des grosses têtes qui pourraient passer à côté de leurs vies. Présenté comme cela, le film n’évite pas les clichés mais ce type de stéréotypes se vérifiant dans le monde réel, il n’est pas incongru d’y croire. Il est même amusant de se prêter au jeu et de se laisser entraîner à ce récit plaçant les « HPI » et autres quotients intellectuels supérieurs ni tout à fait au-dessus ni tout en fait en dessous de jugements de valeur et de préjugés d’élèves médiocres face aux « bons élèves ». S’il fait abstraction des clichés qui collent aux personnages, le spectateur peut s’amuser des rebondissements de cette vie de « matheuse » seule parmi les hommes. Confronté à la froideur affective d’un directeur de thèse, elle tombe de Charybde en Scylla dans des vies de plaisir que certains jugeraient avec sévérité. Quittant sa zone de confort, caractérisé par des chaussons qu’elle ne quitte pas même pour déambuler dans l’enceinte de l’École normale supérieure, elle se réconcilie avec la vie en société et reprend confiance en elle en faisant d’un sentiment d’échec une opportunité de liberté.