Le 2 août 2021
Entre règlements de compte et romantisme, Jean-Bernard Marlin trouve le ton juste pour décrire le quotidien de deux jeunes des quartiers Nord de Marseille.
- Réalisateur : Jean-Bernard Marlin
- Acteurs : Dylan Robert , Kenza Fortas , Idir Azougli, Lisa Amedjout
- Genre : Drame social
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h49mn
- Date télé : 2 août 2021 22:45
- Chaîne : ARTE
- Box-office : 151.168 entrées France / 54.769 entrées P.P. * (15 semaines)
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 5 septembre 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, Festival d’Angoulême 2018, Semaine de la Critique 2018
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Résumé : Zachary, 17 ans, sort de prison. Rejeté par sa mère, il traîne dans les quartiers populaires de Marseille. C’est là qu’il rencontre Shéhérazade...
Critique : Shéhérazade ne vit pas au pays des mille et une nuits. Elle à 16 ans, habite à Marseille du côté des cités populaires et se prostitue. C’est pourtant auprès d’ elle que Zachary 17 ans, dit Zac, l’enfant perdu des quartiers difficiles, apprendra le respect de soi-même et des autres.
Pour rendre hommage au cosmopolitisme de cette ville, personnage à part entière, tout commence par des images d’archives montrant l’arrivée d’immigrants italiens dans les années 30, puis plus tard algériens, tous vivant dans des bidonvilles bientôt remplacés par ces immenses tours d’immeubles aujourd’hui controversées car devenues plate-formes de trafics en tous genres. Puis, la caméra glisse vers la maison d’arrêt pour mineurs d’où sort Zachary, un adolescent au corps toujours en mouvement, à la tignasse ébouriffée et à la tchatche facile. Il cherche en vain sa mère mais c’est une assistante sociale qui l’attend pour le placer dans un foyer. Pour ce môme des rues épris de liberté, il est impensable d’y rester. Il s’évade le soir même pour retrouver sa bande de copains pas forcément très recommandables. Il lui faut trouver un moyen de subsistance. Alors, il tente de renouer avec le caïd du coin mais celui-ci, par peur de la police, refuse de le remettre dans le circuit. Seul et désoeuvré, Zac envisage de s’offrir les services d’une prostituée. C’est ainsi qu’il rencontre Shéhérazade qui est de la même trempe que lui et le premier contact ne se fait pas dans la tendresse.
- Copyright Ad Vitam
Pourtant, émue par sa gueule d’ange mal dégrossi et son charisme de voyou, elle accepte de l’héberger dans cette chambre qu’elle partage avec sa copine transsexuelle. Un jour qu’elle se trouve face à plusieurs clients peu rassurants, elle lui demande de la protéger. Désormais, il le fera pour toutes les filles qui se trouvent sur ce bout de trottoir en échange d’un peu d’argent. Zac est devenu proxénète sans vraiment en prendre conscience d’autant que ses sentiments pour sa protégée s’intensifient de jour en jour.
Tournant le dos à toute idée de mansuétude ou de voyeurisme vis-à-vis de ces êtres marginalisés ballottés entre violence et débrouillardise, Jean-Bernard Marlin, qui en 2013 obtint l’Ours d’or au Festival de Berlin pour son court-métrage La fugue où il est déjà question de mineurs délinquants dans la cité phocéenne, nous propulse sans ménagement dans une fable contemporaine, porteuse d’une authenticité crue et généreuse que des comédiens non professionnels (non seulement les jeunes mais aussi le personnel administratif) nourrissent de leur propres expériences. Leur langage argotique (parfois difficile à décrypter), leur décontraction et leur facilité à se mouvoir dans un rôle de toute évidence taillé pour eux créent sans tarder empathie et émotion. Pendant que des images volontairement « mal léchées » témoignent sans fard de la réalité cruelle de cette immense métropole baignée de couleurs chatoyantes mais aussi gangrenée de violence et de pauvreté, une mise en scène sans esbroufe et efficace ne lâche pas d’un pouce les péripéties de ce couple improbable à la fraîcheur et à l’énergie inaltérables malgré les difficultés inhérentes à leur mode de vie.
- ©2018 Geko Films - Arte France Cinéma
L’arrivée soudaine de vrais méchants marlous bulgares amenuise l’aspect documentaire pour laisser la place à un thriller avec invasion de pistolets et scènes de bagarres sanglantes, suivies d’une incursion au cœur de l’arsenal judiciaire. Ce retour brutal à une réalité terre à terre n’est sans doute pas la partie la plus palpitante du récit mais elle a l’avantage de nous présenter un Zac nouveau, débarrassé de ses oripeaux d’adolescent batailleur et qui se découvre le désir de mener une vie comme les gens « normals » (pour ne pas trahir sa façon de s’exprimer). Pour l’amour de sa belle, il renonce à sa liberté clandestine et lui qui, au début, clamait d’un air viril « je respecte les femmes mais pas les putes », comprend enfin que sa bien-aimée, si elle est une pute n’en est pas moins une femme qu’il appelle désormais SA femme.
Si Marlin prend un malin plaisir à mélanger les genres, allant du documentaire au film noir en passant par le thriller, c’est à coup sûr l’histoire d’amour atypique de ces deux enfants ni tout à fait coupables, ni tout à fait innocents qui restera longtemps dans nos mémoires.
Angoulême 2018
– Valois TV5 Monde de diamant
– Valois Magelis des étudiants francophones
– Valois Sacem de la musique de film (Mouss et Hakim)
Galerie Photos
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