Le 10 novembre 2021
Un spectacle profond et subtil, qui repose sur une performance d’acteurs réellement talentueux.


- Acteurs : Xavier Simonin, Louise Caillé
- Auteurs : Camille Eldessa - Michel Leviant
- Metteur en scène : Xavier Simonin
- Salle de Théâtre : Théâtre Essaïon
- Plus d'informations : Le site du Théâtre Essaion

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Justine n’arrive pas à pardonner à son père d’avoir quitté sa mère pour refaire sa vie avec une femme plus jeune. Elle va voir un psychiatre qui lui fait imaginer une conversation avec son père puis avec d’autres personnes, qu’elle fait parler tour à tour.
Critique : Dès le début, LA chaise est là, au centre de la scène et de l’attention. Quatre tabourets sont comme des vigiles aux quatre coins de la pièce. Une musique a du mal à s’exprimer. Le décor est épuré, sans fioritures. Ce sont les deux comédiens, Louise Caillé et Xavier Simonin, qui habitent et habillent le plateau du théâtre Essaion, aux murs de pierres apparentes.
Deux personnages tout en contrastes : elle déblatère sans arrêt, il place des mots concis, elle est toute jeune et tout le temps en mouvement, il est rigide et bien mûr, du haut de sa grandeur. Entre ses souvenirs à elle et ses ponctuations à lui, on ne sait pas qui mène la danse. Elle parle, il analyse, il aiguille, elle répond.
Louise Caillé, un réel talent, campe avec authenticité et réalisme une femme en détresse. Elle alterne avec finesse et sans exagération les façons d’être et de parler, en ajustant le débit, la tonalité, la gestuelle. On peut imaginer tout le travail de direction d’acteurs qu’il a fallu pour atteindre ce résultat de qualité.
Xavier Simonin campe un psychiatre mystérieux, aux méthodes particulières. Tour à tour accueillant, intrigué, provocateur et partisan, il parle beaucoup avec son visage et son attitude.
La mise en scène, assurée habilement par Xavier Simonin, est d’abord statique, puis évolue en déplacements rythmés.
Le texte de Dialogue avec une chaise aborde l’amour blessé, la parentalité, la filiation... Les répliques font appel à beaucoup de détails dans les descriptions faites par la jeune femme. Un peu d’humour permet quelques respirations fugaces dans la lourdeur de l’atmosphère.
La construction du spectacle est peut être un peu trop linéaire : les souvenirs défilent souvent de la même manière. Il n’y a pas vraiment d’alternative dans la façon de narrer pour encore mieux emporter les spectateurs. Les jeux de lumière ne suffisent pas à créer des ruptures. Tout repose essentiellement sur la performance de la comédienne et la colère en détresse du personnage. C’est presque un exercice de style. Mais le résultat est à la hauteur d’une pièce chargée en émotions. Les spectateurs suivent l’histoire avec intérêt, nourrissent de l’empathie et s’accrochent aux protagonistes, ce qui, en soi, est une vraie réussite.
Le dénouement, ou plutôt le rebondissement final, dont les auteurs, Camille Eldessa et Michel Leviant, avaient donné quelques indices, permet, même un peu rapidement, de clôturer le spectacle de bonne manière.
Théâtre Essaion
6, rue Pierre au lard
Paris 4ème
Métros Rambuteau ou Hôtel de Ville
Lundi et Mardi à 21 h
Jusqu’au 28 décembre 2021
Une production de "Aviscene"