Le 5 février 2020
Un portrait de famille suffisamment riche pour mobiliser l’attention. Fondé sur une alternance des points de vue, le roman de Leah Hager Cohen est une réussite.
- Auteur : Leah Hager Cohen
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Laurence Kiéfé
- Date de sortie : 8 janvier 2020
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
- Festival : Rentrée littéraire 2020
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Résumé : Rundle Junction, État de New York, été 2014. Dans quelques jours, Walter et Bennie Blumenthal célébreront le mariage de Clem, l’aînée de leurs quatre enfants, et de sa petite amie afro-américaine. Si l’orientation sexuelle de leur fille et la couleur de peau de sa promise ne les ont jamais dérangés, ils connaissent d’autres motifs de contrariété. Alors qu’une horde d’invités s’apprêtent à débarquer, et qu’ils ignorent tout de la cérémonie organisée par Clem et ses amis étudiants en théâtre expé-ri mental, Walter et Bennie tiennent secrète une décision qui pourrait bouleverser leur existence : la maison familiale depuis cinq générations va être mise en vente. Mais le plus grand chamboulement qui s’annonce concerne leur village, où l’installation imminente d’une communauté ultra-orthodoxe suscite l’inquiétude. Faut-il accueillir à bras ouverts les nouveaux arrivants et le changement qu’ils incarnent, ou bien lutter pour préserver l’intégrité de Rundle Junction ? Divisés sur la question, Walter et Bennie devront pourtant faire front commun pour recevoir les convives et garder la situation sous contrôle jusqu’aux noces. Cinq jours durant, des liens se (re)noueront, des policiers s’inviteront à la fête, des actes anti sémites seront commis, une alliance disparaîtra et des secrets – certains dissimulés depuis des décennies – seront percés à jour.
Notre avis : Leah Hager Cohen joue avec les points de vue, avec les membres d’une famille dont elle dresse un portrait à la fois tendre et sérieux, léger et profond.
Walter et Bennie vivent à Rundle Junction depuis des années – la maison ayant même vu naître la grande-tante de Bennie, Glad. Celle-ci avait sept ans en 1927, année du grand bouleversement, année de l’incendie, année fatidique. Quatre-vingt-trois ans les séparent de ce mois de juin meurtrier qui revient par bouffées dans les rêveries éveillées de Glad, dans sa mémoire vieillissante et perturbée, ses yeux confondant passé et quotidien. Clem retourne chez ses parents pour se marier, entourée de sa tribu, de ses frères et sœurs, de son oncle et de sa tante, de leurs enfants respectifs, de ses amis, de la famille de sa promise. La maison monumentale et ancestrale se remplit peu à peu, se gonfle de joie et de pleurs, de secrets et de disputes. Toutes les générations s’y mêlent, les fratries se réunissent après plusieurs années de silence.
Les focalisations alternent, l’auteure semblant s’amuser beaucoup à passer d’un esprit à un autre, à bondir de pensées en pensées, sans que le lecteur ne se lasse de ces sauts de puce, de cet univers qui se déploie sous ses yeux, qui se construit, s’érige en 3D. Tous les membres de la famille contribuent à tisser la toile de cette histoire, à mêler souvenirs et présent, tendresse et exaspération. La photo de famille est réussie, les caractères se dessinent bien mieux qu’ils n’auraient pris corps à travers une simple description. La force de ce roman réside donc dans ce jeu d’échos qui trouble à peine le lecteur, emporté par le tourbillon, par les facéties guerrières de Pim, par les bouderies de Mantha, par la curiosité tranquille de Tom, par les exubérances de Clem et de toute cette maisonnée.
D’aucuns seront gênés par quelques éléments disparates et peu ordonnés, tels que les trois fois où une souris se voit mise à l’honneur et sert de focalisatrice. Mais le livre semble être à l’image de cette colonie bohème et chaotique décrite par l’auteure, ne la rendant que plus vivante encore.
Des gens comme nous ne se contente pas de légèreté, il propose aussi une réflexion intéressante parce que sous-jacente et implicite, sur le cycle de la vie, sur la judéité aux États-Unis, le communautarisme et plus généralement sur cette mini société désordonnée, réconfortante et complexe qu’est la famille.
Leah Hager Cohen - Des gens comme nous
Actes Sud
320 pages
14.50 x 24.00 cm
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