Comme un chef - La chronique BD

N’ayant pas encore atteint le paradis culinaire, l’expérience se révèlera un vrai chemin de croix pour le jeune homme épris du respect des ingrédients et des saveurs.
Benoît Peeters ne jure que par le bon goût... Pardonnez-lui Seigneur, mais on absoudra volontiers cet autodidacte dont le récit mitonné aux petits oignons est profondément touchant.
Il apprend les codes de ce milieu, parfois à ses dépens, en commettant quelques impairs mais toujours la passion du goût chevillée aux papilles gustatives.

Seuls les mets et les breuvages - délicieusement couchés sur papier par Aurélia Aurita - sont en couleur au menu de ce roman graphique, un seul de ses employeurs en hyper connexion avec la cuisine de Peeters quand il fut chef à domicile, ainsi que la cathédrale dans laquelle il se trouva projeté virtuellement la première fois qu’il déjeuna chez les Frères Troisgros à Roanne dont l’un des plats mythique était l’escalope de saumon à l’oseille version nouvelle cuisine...

Si Peeters apprit à cuisiner comme un dieu ce fameux saumon à l’oseille, ce n’est pas le métier de chef à domicile qui lui en rapporta... l’expérience fut de courte durée... le désert et l’addition s’il vous plait !
Mais petit Peeters devenu grand chef, pour son propre plaisir, a plus d’une casserole dans ses fourneaux.
Il réussit dans tous les domaines avec une carrière foisonnante de publications et de collaborations, il devint LE spécialiste de Hergé et continua son chemin dans le domaine de la BD et notamment avec de nombreux ouvrages avec François Schuiten.

Peeters a su donner un sens savoureux à sa vie, celui de se servir de ses sens pour sublimer l’art culinaire, recherchant de manière insatiable des saveurs et de nouveaux mélanges. Il partage avec nous ses rencontres marquantes avec les plus grands chefs : Willy Slawinski, Michel Bras, Pierre Gagnaire ou encore Ferran Adria, propriétaire de feu El Bulli restaurant situé en Catalogne, non loin des falaises surplombant la méditerranée.

Peeters parle de Dame Cuisine telle une déesse et semble considérer cette dernière à la croisée de tous les arts. Son message reste celui d’un homme simple, qui souhaite que ce patrimoine mondial fragile et délicat soit transmis avec respect.

On pourrait lui reprocher de ne pas faire assez état d’anecdotes croustillantes qui ne manquent pourtant pas dans ce milieu, comme par exemple les humeurs de certains chefs …
Mais en a-t-il seulement rencontré ? Peeters est-il un de ces personnages solaires qui voient systématiquement le verre (de vin) à moitié plein ?

Heureux, qui comme Peeters, a fait un bon repas...

Bonne dégustation ... visuelle !