Autour d’une boite aux lettres
Le 2 juin 2014
Un récit d’apprentissage au scénario convenu mais à la mise en scène esthétisante et délicate, signé par un des maîtres du cinéma argentin. A découvrir.
- Réalisateur : Leopoldo Torre Ríos
- Acteurs : Lautaro Murúa, Oscar Rovito, Ana Casares (Ana Urman), Félix Robles, Rodolfo Zenner, Bárbara Mujica, Menchu Quesada, Lina Rosellini, Miguel Dante, Andrea Roma, Félix Ribero, Alba Mujica, Dora Patiño
- Genre : Drame
- Nationalité : Argentin
- Durée : 1h 15mn
- Plus d'informations : http://www.youtube.com/watch?v=swVZ...
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– Sortie en Argentine : 13 mars 1958
– meilleur film de langue espagnole au festival de San Sebastián 1958
Un récit d’apprentissage au scénario convenu mais à la mise en scène esthétisante et délicate, signé par un des maîtres du cinéma argentin. A découvrir.
L’argument : Le jeune Luis, qui étudie la peinture à l’école des beaux arts, attend tous les jours son bus à côté d’une boite aux lettres. Il guette le passage d’Aida, jeune fille de famille modeste qui rêve de devenir une pianiste virtuose.
Les deux adolescents finissent par lier connaissance et Luis accompagne Aida à un concert du célèbre pianiste Pablo Barros. Celui-ci n’est pas insensible au charme d’Aida, ce qui suscite la jalousie de Luis.
Un soir, après s’être soulé dans un bar par dépit amoureux, il croise la jeune femme qui pose comme modèle nu dans son école et l’accompagne chez elle.
Notre avis : Moins connu hors de son pays que son fils Leopoldo Torre Nilsson (1924 - 1978) dont les films du tournant des années 60 (La casa del angel, La caída ou Fin de fiesta) rencontrèrent un écho international, Leopoldo Torre Ríos (1899 - 1960) est, à côté des Mario Soffici, Luis César Amadori ou Luis Saslavsky, un des principaux artisans du cinéma argentin des années 30 à 50. Egalement photographe et actif comme scénariste à partir de 1920, il réalisa trois films muets entre 1923 et 1925, puis 34 films parlants entre 1936 et 1960, certains (El crimen de Oribe, El hijo del crack) en collaboration avec son fils.
Sacré meilleur film de langue espagnole au festival de San Sebastián en 1958, Demasiado jóvenes, dont Torre Ríos signe également le scénario, est donc l’oeuvre d’un cinéaste expérimenté mais qui cherche visiblement à rester en phase avec la modernité cinématographique de son temps.
- Demasiado jóvenes - L. Torres Ríos 1958
C’est un récit d’apprentissage classique, pour ne pas dire convenu, qui frôle souvent le poncif et peine à se libérer totalement d’une gangue littéraire un peu vieillotte et non exempte d’arrière goût idéologique : apologie de la famille et particulièrement de figures paternelles à la fausse bonhommie difficilement supportable ; opposition entre la pure jeune fille, pianiste virtuose de surcroit, et la femme perdue, réduite à sa fonction d’initiatrice mais que l’actrice d’origine polonaise Ana Casares, surnommée la Brigitte Bardot argentine, sait rendre émouvante.
Le jeu des autres acteurs, à l’exception de la très jeune Bárbara Mujica, est trop appuyé et sonne souvent faux. Même l’interprète de Luis, Oscar Rovito, manque de spontanéité.*
- Demasiado jóvenes - L. Torres Ríos 1958
On sent pourtant dans ce film séduisant, et même assez attachant, une volonté de desserrer les mailles du scénario et de la psychologie en tentant une approche impressionniste, en privilégiant l’instantané poétique et une légère distance humoristique (le personnage de la petite fille et les rituels autour de la boite aux lettre) à la mécanique de l’enchaînement dramatique.
La musique omniprésente, la superbe photo d’Oscar Melli qui utilise la texture particulière de la pellicule Kodak (une espèce de sépia situé à la frontière indécidable entre noir et blanc et couleurs) et la mise en scène délibérément chorégraphique de l’esthète Torre Ríos donnent à l’ensemble un côté apprêté qui peut à la fois agacer et toucher par son formalisme à la limite de la préciosité, sa manière de clamer à chaque plan une aspiration à faire de l’art avec un grand A.
Mais il y a aussi une vraie respiration nouvelle vague dans les nombreuses scènes filmées dans les rues (une charrette qui passe à l’arrière plan) et par moments une délicatesse de touche qui confèrent à cet objet curieux un charme délicat auquel on aurait tort de ne pas se laisser prendre
- Bárbara Mujica dans Demasiado jóvenes - L. Torres Ríos 1958
*Il faut dire qu’à dix-sept ans il avait déjà une solide carrière derrière lui : fils de Tarzan dans un feuilleton radiophonique dès 1952 ; puis vedette de l’écran à partir de El hijo del crack en 1953.
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