Dead Dead Demon’s Dededededestruction . T.2 - La chronique BD

Le « vaisseau amiral » extraterrestre continue de planer au-dessus du ciel de Tokyo. De temps à autres, des « capsules » sortent de l’immense engin, et sont détruites par une nouvelle arme du gouvernement japonais, le « Hujin », alors que des rumeurs courent sur internet sur la présence d’extraterrestres dans la ville. C’est dans cette toile de fond anxiogène qu’Asano inscrit le récit de la vie quotidienne de ses différents personnages, essentiellement des lycéennes qui préparent leur examen de manière plus ou moins assidue.
La force du récit consiste justement à insérer ces scènes de la vie quotidienne dans un environnement déroutant. Cette jeunesse hyperconnectée apparaît livrée à elle-même - comme en témoigne l’attitude désinvolte de la mère de Kadode - et sensible à la rumeur. Elle n’est pas sans se poser des questions fondamentales, notamment sur la pertinence d’un réarmement massif, dans l’hypothèse d’un éventuel conflit avec ces extraterrestres dont on ignore à peu près tout à ce stade du récit. Les personnages, attachants, naviguent entre angoisse et insouciance dans un récit qui privilégie les tranches de vie à l’action, mais qui n’oublie pas de faire avancer l’intrigue principale. En effet, en dehors de la vie d’Oran et Kadode, ce deuxième tome apporte par petites touches son lot de révélations.
Graphiquement, ce deuxième tome s’inscrit dans le prolongement du premier, avec des décors extrêmement travaillés : on peut se perdre dans la contemplation de tel détail ou de tel arrière-plan. Les machines en général et le vaisseau amiral extraterrestre en particulier sont représentés avec une minutie qui en dit long sur le goût de l’auteur pour les détails. L’expressivité des visages sert parfaitement un récit qui fait une large place aux sentiments de ses personnages.

Hikari avec l’une des machines développée avec l’aval du gouvernement. Dans quel but ?
Inio Asano - ©Kana 2017

Avec ce deuxième tome, Asano développe son intrigue sans pour autant faire évoluer son projet, qui est de se concentrer sur ses personnages, eux-mêmes confrontés à une situation inédite et angoissante. Dead Dead Demon’s Dededede Destruction affirme un peu plus Inio Asano comme le portraitiste inspiré d’une jeune génération japonaise désabusée et en cruel manque de repères.