Le 17 mars 2025
Si la prestation de Pamela Anderson est remarquable, le traitement un peu superficiel de ce problème de vieillissement dans l’univers des showgirls à Los Angeles ne convainc pas vraiment.


- Réalisateur : Gia Coppola
- Acteurs : Jamie Lee Curtis, Dave Bautista, Pamela Anderson, Kiernan Shipka
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 1h29mn
- Date de sortie : 12 mars 2025

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Shelly, une danseuse de cabaret expérimentée, doit faire face à son avenir lorsque son spectacle à Las Vegas est brusquement interrompu, après trente ans de représentation. Danseuse dans la cinquantaine, elle peine à trouver quelle suite donner à sa carrière. Et en tant que mère, elle cherche à réparer une relation tendue avec sa fille, qui a souvent été reléguée au second plan par rapport à sa famille d’artistes.
Critique : Le débat sur les retraites est vivace, d’autant quand il s’agit de considérer le bon âge pour quitter son métier. Sauf qu’ici nous sommes à Los Angeles et que danser sur une scène de théâtre de charme exige de ses artistes, non seulement une taille de guêpe, mais surtout un âge plus proche de vingt ans que de cinquante-sept. Justement, le cabaret où joue depuis plus de trente Shelly est sur le point de fermer ses portes. Le public a déserté la salle pour sans doute des spectacles plus bankables et l’avenir de la danseuse semble bouché. The Last Showgirl porte bien son nom. Derrière cette fermeture annoncée, s’ouvre pour la troupe de comédiennes un mur immense, où l’accès à la Sécurité sociale et le financement de la retraite deviennent un véritable problème.
- Copyright Constantin Film / Courtesy of Goodfellas
Pamela Anderson a bâti toute la promotion du long-métrage sur le fait qu’elle ne serait en aucun cas esclave de la quête incessante du jeunisme ou des opérations d’esthétique. On en doute quand on voit la silhouette parfaite de son corps et, sans aucun doute, un visage nettoyé des stigmates du vieillissement par quelque intervention chirurgicale. On peut en effet clamer son émancipation par rapport à la norme du jeunisme quand soi-même on continue d’être choisie pour incarner des rôles phares. Pour autant, la question se pose vraiment pour nombre d’artistes, notamment danseurs ou comédiens, dont l’image constitue la matière première de leur travail, a fortiori pour les femmes qui subissent frontalement cette discrimination. En ce sens, The Last Showgirl pose absolument bien le problème, sans hélas en dérouler toutes les acceptions.
L’actrice rendue célèbre entre autres par sa participation à la série Alerte à Malibu et par sa généreuse poitrine a le courage d’incarner une artiste qui va perdre sa place dans l’univers de la danse érotique et doit se réinventer un destin. Elle donne une voix à son personnage extrêmement enfantine, marqueur d’une vie consacrée uniquement à sa carrière et déconnecté de la réalité. D’ailleurs, et c’est un point intéressant de la fiction, elle retrouve sa fille après des mois de silence, laquelle ne manque pas de lui faire remarquer qu’elle n’a jamais été au centre de sa vie.
- Copyright Constantin Film / Courtesy of Goodfellas
En fait, Gia Coppola décline une série de thèmes absolument passionnants, qu’il s’agisse de la reconstruction d’une relation mère-enfant, du devenir d’artistes en passe d’être ignorés des producteurs de spectacles et de l’errance désespérée de danseuses abîmées par l’alcool et la fatigue. Mais La réalisatrice ne creuse aucune de ces thématiques. Elle survole les évènements, l’analyse de son personnage principal, en dépit de l’énergie gigantesque déployée par son actrice principale pour donner chair à son personnage. Même l’apparente désinvolture de l’héroïne, teintée d’immaturité affective et sociale, est traitée de façon très superficielle. On passe à côté de la complexité de Shelly qui devient un personnage assez fade et peu touchant.
La petite fille du grand Coppola réalise ainsi un film correct, mais sans envergure ni épaisseur. Les symboles invoqués comme ce costume que la danseuse déchire dans l’escalier qui conduit à la scène ne comblent pas vraiment un scénario assez vide. Sans doute que le long-métrage aurait mérité une heure de plus, afin d’approfondir le personnage principal et son destin tragique. La fin est à l’instar de tout le film, évanescente et sans relief, laissant le spectateur sur sa faim.