Famille, je vous hais
Le 1er septembre 2004
On ne peut que s’incliner face à un tel récit. Jim Harrison démontre qu’il travaille désormais pour la postérité.
- Auteur : Jim Harrison
- Editeur : Christian Bourgois
Il est toujours délicat de parler de chef-d’œuvre. Pourtant, c’est le premier mot qui vient à l’esprit une fois ce récit refermé. Oui, Jim Harrison a assurément écrit là l’un de ses romans les plus forts, les plus beaux, les plus aboutis. La construction est toute en subtilité, le style prodigieusement travaillé. Tous les thèmes chers à Harrison sont réunis pour mieux servir son propos. De Marquette à Veracruz, c’est la lutte d’un fils qui tente de s’échapper d’entre les griffes d’une famille dont il a honte et dont il souhaite se défaire.
David Burkett est en effet l’héritier d’un père richissime dont la fortune, au fil des générations, a grandi grâce à la déforestation sauvage du Michigan. Ces arbres coupés sans autorisation, les Burkett en ont fait le commerce. Violeur, roublard et porté sur la bouteille, ce père est marié à une femme qui noie son mal-être dans les médicaments et l’alcool. Heureusement qu’il reste Cynthia, la sœur complice, et Frederick, l’oncle à qui se confier.
David va se lancer dans un projet un peu fou. Écrire l’histoire de sa famille sans rien omettre. Ou plutôt mettre en lumière tout ce que cette famille a toujours voulu laisser dans l’ombre, afin d’absoudre les fautes et les péchés de plusieurs générations de Burkett. Il se retire dans un chalet pour réfléchir sur les siens et lui-même. Cette nouvelle vie, il aura du mal à l’assumer. Car comment peut-on aimer quand on a jamais reçu l’affection qu’on espérait des autres ? Comment trouver la grâce quand on est hanté par des démons maléfiques ?
Récit d’amours impossibles, de haine, de vengeance et de folie, De Marquette à Veracruz est, répétons-le, du très grand Harrison. Toujours en proie aux mêmes obsessions, l’écrivain dénonce le poids des traditions ancrées dans la profondeur d’un pays où l’argent innocente le crime, où les minorités ont toujours les poignets liés, où l’on hérite de sa pauvreté avant de la transmettre à ses enfants. Un roman qui incarne le point d’orgue d’une œuvre commencée il y a plus de trente ans. Depuis, Harrison est devenu un écrivain incontournable et fait, déjà, figure de classique.
Jim Harrison, De Marquette à Veracruz (True North, traduit de l’anglais (américain) par Brice Matthieussent), Éd. Christian Bourgois, 2004, 492 pages, 25 €
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jean-louis 15 novembre 2004
De Marquette à Veracruz - Jim Harrison
C’est mon premier Harrison. Un texte magnifique à lire d’une traite et à relire ensuite à petits coups. En un mot un classique. Tous les personnages sont admirablement décrits et les situations imaginées sont subtilement annoncées. Des changements de rythme à vous couper le souffle. Oui, j’ai adoré. Et quel bonheur à la pensée du plaisir que je vais certainement avoir à lire les autres Harrison !!