Le 30 juin 2020


- Scénariste : Philippe Pelaez>
- Dessinateur : Francis Porcel
- Genre : Drame
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 3 juin 2020
Philippe Pelaez nous propose un récit dur et violent. Francis Porcel l’illustre avec talent, offrant un dessin lugubre aux traits durs à la plongée de Jacques dans les trafics en tous genres.
Résumé : Dans mon village, on mangeait des chats nous emporte dans une histoire noire. La vie de Jacques est bien sombre, entre un père routier alcoolique qui le frappe et une mère qui ne l’aime pas. Seul rayon de soleil, sa petite sœur. Mais les affaires de Jacques vont encore se compliquer quand il va découvrir le secret du boucher, qui est aussi le maire du village...
Jacques, en voix off, nous retrace sa vie depuis son enfance jusqu’à sa progression dans l’univers mafieux des trafics, crimes et délits en tous genres.
Si l’on comprend ses motivations initiales, nous sommes restés troublés par ce personnage. Oscillant entre la sympathie et l’antipathie, nous suivons Jacques dans son parcours. D’ailleurs, Jacques ne se jette pas des fleurs, il reste honnête sur ce qu’il est devenu et sur ce qu’il est. Et si nous nous attachons à lui, c’est qu’au pire de la délinquance, Jacques pense à sa sœur Lilly, à la protéger, à la revoir et à lui éviter tous type d’ennuis. Loin d’être égoïste, il fera profiter à sa seule famille des bienfaits que l’argent mal acquis lui apporte, tout en la gardant à l’écart du monde cruel où il évolue.
Le récit, tout en puissance au long de l’enfance de Jacques, perd en intensité, selon nous, quand Jacques atteint l’âge adulte, car les difficultés se font moins sentir. Nous sommes moins inquiets pour lui, tout se déroule selon ses plans. Bien sûr, rien n’est jamais gagné et une ombre plane, mais l’intrigue qui nous tenait en haleine semble diminuer.
On est alors plus intéressés par cette ambiance des années soixante-dix qui se reconstitue sous nos yeux. D’ailleurs, les éléments de cette partie s’enchaînent assez rapidement pour limiter cette baisse d’attention de notre part.
Lilly, qui a peu de place dans l’histoire, reste un personnage secondaire pourtant important, auquel on s’attache très rapidement. Ne fut-ce que par l’attention que Jacques lui porte, mais aussi par son innocence. Les trois amis de Jacques, ceux qui vont entrer avec lui dans le monde mafieux, ont une présence physique par le dessin et les traits qu’ils ont.
Philippe Pelaez, Francisco José Porcel / Grand Angle
Francis Porcel nous offre un très beau graphisme pour cette BD. Son trait charbonneux, crayonné, dense, brut apporte une énergie physique qui correspond à merveille au caractère tranché, fermé et accrocheur de Jacques.
Plus on avance dans l’histoire, plus Jacques grandit, et plus le trait s’affine, s’arrondit presque, et à mesure que les souvenirs se rapprochent du temps présent, ils s’illustrent de manière plus douce, moins épaisse. Ce travail graphique fonctionne merveilleusement bien et nous garde ancrés dans l’histoire.
Les couleurs qui évoluent aux différentes époques de l’histoire accentuent les émotions provoquées, comme dans la scène des Ortolans.
Les cases aux bords arrondis portent cette marque du passé que l’on raconte, et se raccordent parfaitement à la voix off de Jacques.
Dans mon village, on mangeait des chats est une BD frappante. Le récit taillé au couteau de Pelaez et le dessin tranché de Porcel sont deux très bonnes raisons de découvrir la vie de Jacques. Une BD qui a toute sa place dans la Série Noire.
56p – 16,90€