Dans la forêt des lilas - La chronique BD

Dans un splendide écrin qui rappelle des gravures romantiques, les influences de Keats et Brontë, sans oublier l’incontournable Caroll semblent avoir donné vie à Faith. Entre fille et femme, tragédie et comédie, cette héroïne qui voudrait tout fuir matériellement, est condamnée à errer dans l’irréel, jusqu’au plus profond de son être. Tourmentée par son corps, son esprit cherche une porte de sortie, et l’histoire les ferme les unes après les autres, alors qu’elles étaient entrouvertes. Ce jeu à la limite du sadisme avec le lecteur représente cependant bien le charme noir de cet album, pas loin du roman graphique par certains aspects. Récit de rêve façon La Fontaine et fragment de puberté victorienne, Dans la forêt des lilas parvient à recréer une magie ancienne, celle de la terre des Angles, assez terrible et dangereuse quand on la côtoie de trop près.

© Delcourt

Ce danger et cette terreur, le dessin les fait apparaître petit à petit, à travers une ombre, puis une griffe, puis quelques gouttes de sang. Les personnages, humains ou humanoïdes, ne sont guère épargnés, par la nuit et le temps, qui oppressent les planches de leurs fonds bleus, noirs ou grisâtres, et le lecteur se raccroche à des lueurs et des couleurs. La pâleur de l’héroïne fait partie de son histoire, et ses sautes d’humeur n’empêchent pas de voir que ceux qui l’entourent l’aiment, et cela fait d’autant plus mal que le dessin l’expose parfaitement.

© Delcourt

D’une valeur poétique fascinante, tant dans son périple onirique que dans le cheminement graphique, Dans la forêt des lilas possède des atouts qui font du duo Nathalie Ferlut et Tamia Baudouin de belles héritières de Woolf et Austen.