Le 28 octobre 2024
- Scénaristes : Mayalen Goust>, Flore Vesco>
- Dessinateur : Mayalen Goust
- Genre : Conte, Fable
- Editeur : Rue de Sèvres
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 18 septembre 2024
Une fable qui modernise et complexifie La princesse au petit pois d’Andersen pour bâtir un récit d’émancipation adapté à plusieurs publics.
Résumé : Le jeune Lord Adrian Handerson, richissime héritier qui vit dans un étrange (et quelque peu lugubre) château, cherche une épouse. Avertie, Madame Watkins envoie ses trois filles – issues d’une bonne famille – au château de Lord Handerson, dans l’espoir que l’une d’elle séduise le jeune lord. Celles-ci sont accompagnées de Sadima, la femme de chambre de la famille, une jeune femme vaillante et rusée. Une fois sur place, les sœurs sont soumises à une étrange épreuve : chacune d’entre elle doit passer une nuit dans une étrange chambre du château. En fin de compte, aucune d’entre elle ne passe l’épreuve. Les trois sœurs repartent dépitées, mais Adrian Handerson invite Sadima à passer également l’épreuve. Peu importe son statut social, elle est aussi, après tout, une femme à marier. Sadima relève le défi, mais la suite ne relève guère du conte de fées.
Critique :Adaptation du roman de Flore Vesco paru en 2021 à L’École des Loisirs (groupe dont fait partie Rue de Sèvres), D’or et d’oreillers est un conte moderne et intelligent dont la portée – comme tout bon livre jeunesse – dépasse le lectorat enfantin. L’album interroge en effet les rapports de genre et les rapports sociaux, avec un renversement qui se construit progressivement au fil de l’album entre Sadima, au départ simple femme de chambre, et le Lord Handerson, dont les capacités sociales sont entravées par un traumatisme dont prend conscience la jeune femme au fil des pages. L’intrigue est centrée sur le château de Lord Handerson qui réinterprète le vieux thème de la « maison hantée » : si Lord Handerson est riche, une forme de malédiction pèse sur sa personne, et c’est en combattant celle-ci que Sadima s’attache le riche héritier. Ainsi, D’or et d’oreillers présente bien une forme de morale, sur l’importance du courage et l’intelligence peuvent combler une mauvaise naissance, et la découverte de l’autre au-delà des apparences.
- © Mayalen Goust d’après Flore Vesco / Rue de Sèvres
- Mayalen Goust rend hommage dans cette planche spectaculaire aux constructions graphiques de Druillet.
Cette adaptation, menée par Mayalen Goust, dessinatrice qui a œuvré dans l’édition enfantine et publié plusieurs bandes dessinées (Kamarades, Au nom de Catherine), s’avère graphiquement saisissante. Il suffit d’ouvrir l’album pour se convaincre de l’ampleur du travail effectué par la dessinatrice. Chaque planche fait l’objet d’une composition extrêmement soignée. Certaines pages sans texte relèvent de l’illustration, mais s’intègrent parfaitement dans la narration, qui s’avère d’une grande fluidité. Le dessin de Mayalen Goust repose sur l’expressivité de la mise en couleurs, qui donne le ton de chaque scène, avec une grande variété de nuances. La dessinatrice excelle également dans la mise en scène des situations – dans le choix des perspectives, du découpage –, et se permet d’insérer des références dans son trait : le château renvoie par exemple aux compositions de Druillet. L’album contient également des références à la sexualité des personnages, et notamment celle de Sadima qui s’éveille au plaisir. Cet aspect destine l’album à un lectorat adolescent plus qu’enfantin.
- © Mayalen Goust d’après Flore Vesco / Rue de Sèvres
Par sa mise en scène et son inventivité graphique, Mayalen Goust offre une belle adaptation du roman de Flore Vesco. S’il a été pensé pour un public jeunesse, D’or et d’oreillers est surtout un conte moderne qui séduira sans peine les adultes, au-delà d’un public adolescent / young adult.
184 pages – 20 €
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