Le 25 octobre 2021
Un père, dont la femme a disparu, désespère de faire le bonheur de ses deux filles. Yasujrō Ozu explore toujours, avec finesse, la cellule familiale, mais cette fois avec une noirceur inhabituelle. Une belle réussite pour son dernier film en noir et blanc.
- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Isuzu Yamada, Chishū Ryū, Setsuko Hara, Ineko Arima, Nobuo Nakamura
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films, Shochīku
- Durée : 2h20mn
- Reprise: 31 juillet 2019
- Titre original : Tōkyō boshoku
- Date de sortie : 27 juillet 1994
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– Année de production : 1957
Résumé : Un soir, sortant du travail, le solitaire, Shukichi Sugiyama (Chishū Ryu) va boire un saké dans un débit de boissons. De retour chez lui, Il est surpris de trouver sa fille Takako (Setsuko Hara). Peu loquace, elle lui explique tout de même avoir quitté momentanément le domicile conjugal avec son bébé à cause des colères de son mari dues à l’alcool. Akiko (Ineko Arima) la cadette qui vit encore avec son père paraît bien sombre et fuyante.
Critique : La petite musique du cinéaste est immédiatement reconnaissable : plans longs de rues vides, de l’enseigne d’un débit de boissons, de la devanture d’une banque... Mais on note que l’ambiance générale est beaucoup plus sombre qu’à l’ordinaire. Chacun pour des motifs différents, Shukichi et des deux filles expriment silencieusement une grande tristesse. On apprend très vite que le père a été abandonné par son épouse quand les filles étaient petites, et ce, après avoir perdu accidentellement son fils unique. Il a toujours eu beaucoup de mal à élever seul ses enfants et encore aujourd’hui semble impuissant à les aider. Il se reproche d’avoir poussé sa fille aînée à épouser sans amour un professeur promis à un bel avenir, mais qui n’a pas tenu ses promesses. La seconde, qui a abandonné ses études, est toujours dehors et semble avoir de mauvaises fréquentations. Si l’aînée, suffisamment grande à l’époque, sait que sa mère les a abandonnés, la cadette l’ignore et la croit morte. Un enchaînement d’événements va faire éclater la vérité.
Tous les lieux traversés semblent tristes. Les personnages paraissent évoluer sans prendre goût aux choses simples de la vie. La maison du père ne se trouve pas égayée par l’arrivée du bambin. Sa présence est à peine visible, à part le plan récurent d’un hochet encombrant. Les bars, les salles de jeux sont animés, mais sans manifestation de joie : pas de rires ni d’effusions. Le seul personnage gai, qui apporte la petite seule touche d’humour, est celui de Shigeko (Haruko Sugimura), la sœur de Shukichi, pipelette et gaffeuse, qui se pique de trouver un mari à sa nièce.
Les différentes révélations du récit ne seront un soulagement, ni pour les protagonistes, ni pour le spectateur. Mais malgré toute cette noirceur et le pessimisme des protagonistes, on éprouve une réelle sympathie pour cette famille, dans laquelle il n’y a pas de fautifs, mais énormément de faiblesse humaine.
Le cinéaste, tout au long de sa carrière, a toujours su peindre, comme ici, les aléas familiaux avec une extrême finesse.
Ce sera aussi son dernier long métrage en noir et blanc.
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