Le 19 juin 2017
L’un des derniers Siegel, peu connu, mais représentatif de son style nerveux et sec.
- Réalisateur : Don Siegel
- Acteurs : Michael Caine, Delphine Seyrig, Donald Pleasence
- Genre : Thriller
- Nationalité : Américain, Britannique
- Durée : 1h46mn
- Box-office : 111 719 entrées (France)
- Titre original : The Black Windmill
- Date de sortie : 20 novembre 1974
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Résumé : Le fils d’un agent du contre-espionnage britannique John Tarrant est kidnappé. Les ravisseurs demandent en échange de l’otage un stock de diamants que possède le chef du MI5. Par amour pour son fils, John devra trahir sa patrie et combattre son propre camp s’il veut revoir un jour son enfant.
Notre avis : Situé dans la dernière partie de la carrière de Don Siegel, Contre une poignée de diamants, dont le titre original, The black windmill fait référence aux scènes finales, conserve les qualités propres au cinéaste, la recherche d’efficacité et la nervosité de la réalisation. Il profite de cette sombre histoire de machination pour revisiter les archétypes du genre (un gadget à la James Bond, des moulins hitchcockiens) mais égrène aussi d’autres références (la goutte de sang qui trahit le méchant vient tout droit de Rio Bravo) en un mélange cohérent et diablement musclé. C’est que Siegel a l’art de négliger les temps morts, en véritable artisan de la série B ; ainsi s’attarde-t-il sur le voyage de retour qui ramène Michael Caine en Angleterre, alors que l’aller est traité en ellipse, puisque l’un a des potentialités, l’autre pas. Et s’il sacrifie à l’indispensable bluette (quasiment un remariage), on sent bien qu’elle ne l’intéresse aucunement et qu’il préfère se consacrer à son impeccable et impavide héros. Dès lors, chaque détail du scénario fait avancer l’intrigue ou en prépare une péripétie : pas de psychologie, pas de dialogues explicatifs (ou très peu, et pas très réussis). Le personnage chez Siegel est un taiseux efficace, tout entier dans l’action. À peu près sûr de lui, déterminé quel que soit l’enjeu (ici, l’enlèvement de son fils, tout de même), il va droit au but sans considérations annexes.
Ce qu’on admire le plus dans le film, c’est l’incroyable sens du rythme : maniant l’ellipse aussi bien que la dilatation (voir la longue marche dans l’hôpital) selon les besoins, le réalisateur joue de nos nerfs avec dextérité, d’autant que nombre d’événements sont imprévisibles (voire incohérents, on aurait bien du mal à expliquer tous les ressorts de la machination) : ainsi la manière de s’échapper de l’hydroglisseur, saisie par une caméra aussi mobile que précise, aboutit-elle au renouvellement d’un poncif. La violence y est sèche, brutale et plutôt rare, mais là encore Siegel sait faire preuve d’une relative originalité : le vin qui sort à gros bouillons et manque de noyer Caine en est un exemple, comme la progression dans le moulin.
Alors, certes, malgré des dialogues salés par moments, Contre une poignée de diamants n’a pas la force subversive des Proies, pas plus qu’il n’a l’ambition de Tuer Charley Varrick, pour ne citer que deux œuvres flamboyantes. Disposant sans doute de petits moyens, d’un scénario assez convenu, Siegel se plie aux contraintes avec son style singulier, dirigeant au mieux Michael Caine et surtout le précautionneux Donald Pleasence. Pas un film majeur, donc, mais une série B comme on les aime, sans gras ni afféteries.
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