Le 13 février 2018
Stephen Frears aborde un épisode méconnu de la couronne anglaise avec le classicisme inhérent aux biopics. Mais Confident royal lui permet aussi de brosser un portrait sarcastique des rapports de classe, une thématique qui lui est chère.
- Réalisateur : Stephen Frears
- Acteurs : Tim Pigott-Smith, Judi Dench, Eddie Izzard, Ali Fazal, Adeel Akhtar
- Genre : Historique
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : Universal Pictures France
- Editeur vidéo : Universal Pictures Video
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 14 octobre 2022 21:05
- Chaîne : Chérie 25
- Box-office : 168.887 entrées France / 57.956 entrées Paris Périphérie / 22.245.070$ (recettes USA)
- Titre original : Victoria and Abdul
- Date de sortie : 4 octobre 2017
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Résumé : L’extraordinaire histoire vraie d’une amitié inattendue, à la fin du règne marquant de la reine Victoria. Quand Abdul Karim, un jeune employé, voyage d’Inde pour participer au jubilé de la reine Victoria, il est surpris de se voir accorder les faveurs de la reine en personne. Alors que celle-ci s’interroge sur les contraintes inhérentes à son long règne, les deux personnages vont former une improbable alliance, faisant preuve d’une grande loyauté mutuelle que la famille de la reine ainsi que son entourage proche vont tout faire pour détruire. À mesure que l’amitié s’approfondit, la reine retrouve sa joie et son humanité et réalise à travers un regard neuf que le monde est en profonde mutation.
Critique : Adapté d’un ouvrage de Shrabani Basu relatant le parcours singulier d’Abdul Karim, dont on a retrouvé des écrits en 2010, Confident royal appartient à la veine historique du cinéma de Frears. Ce genre lui a permis de concocter de piquants biopics à l’instar de Florence Foster Jenkins. On peut rattacher à cette tendance de sa filmographie le récit du combat de Philomena ou l’excellent The Queen auquel on trouvera bien des similitudes avec le présent opus : le portrait d’une souveraine en proie au doute, et dont l’autorité manque de chanceler, ainsi qu’un regard critique sur l’entourage des monarques. La première demi-heure de Confident royal est pourtant laborieuse, avec sa reconstitution académique et guindée de la vie ordinaire de l’empire colonial ou des fastes du palais de Windsor. Le film en costumes anglais n’est certes pas une tare en soi, et a offert de jolies pépites de septième art avec des œuvres de David Lean ou James Ivory. Mais Frears semble plutôt ouvrir son récit en glissant sur la pente savonneuse d’un cinéma amidonné, dont on a eu récemment un représentant avec le redoutable Dernier vice-roi des Indes : un discours convenu sur la solitude des gens de pouvoir, et la nécessité de rapprocher les cultures ou les générations.
- Copyright Focus Features / Peter Mountain
Et quand l’amitié s’instaure entre la vieille reine et le serviteur cultivé, Frears semble nous refaire le coup de Driving Miss Daisy, Judi Dench et Ali Fazal livrant une nouvelle version des propos sentencieux naguère échangés par Jessica Tandy et Morgan Freeman. Mais c’était sans compter le punch toujours présent de Stephen Frears et sa verve qui s’avère très tonique au bout de trente minutes de projection. Les spectacles musicaux kitsch montés autour du nouveau protégé devant une cour abasourdie sont filmés avec un sens aigu de la farce (rappelant Florence Foster Jenkins mais aussi la comédie Madame Henderson présente) ; tandis que le cinéaste et son scénariste Lee Hall adoptent un ton acerbe et réjouissant pour dépeindre l’hypocrisie et la mesquinerie des aristocrates, mais aussi du pouvoir politique en place (désopilant Premier ministre dépassé par les événements).
- Copyright Focus Features / Peter Mountain
On retrouve là le Frears que l’on adore, celui qui relatait déjà des complots inavouables dans Les Liaisons dangereuses ou dénonçait le rejet des différences culturelles et de classe dans Dirty Pretty Things. Car Frears reste avant tout l’adepte d’un cinéma social et militant dans ce qu’il a de meilleur, en plus d’être un formidable conteur. Il est aussi, on le savait, un remarquable directeur d’acteurs : si Dame Judi Dench est impériale comme à son habitude, Ali Fazal est une révélation en ange charismatique de la dernière chance. Ils sont bien entourés de seconds rôles inspirés, dont Eddie Izzard en prince de Galles teigneux et le regretté Tim Pigott-Smith en secrétaire particulier de Sa Majesté. Au final, malgré un début qui faisait craindre le pétard mouillé, Confident royal est hautement recommandable et confirme que Frears n’a pas dit son dernier mot.
Succès royal pour un biopic britannique aux USA, Victoria & Abdul est passé inaperçu dans les salles françaises, avec moins de 200.000 entrées. L’occasion de se rattraper en VOD et DVD.
Les suppléments :
Peu d’implication de l’équipe et de l’éditeur, Universal Vidéo. Au total, deux featurettes pour un total global de 10 minutes. Quelques banalités au sujet de l’histoire de ce drôle de binôme, et un document sur les décors variés du film, entre décors naturels splendides - l’Ecosse, notamment -, et autres intérieurs grandioses.
L’image :
Traitement léché pour satisfaire les exigences esthétiques de Stephen Frears avec les éclairages divins de son chef opérateur. On apprécie l’incroyable équilibre des couleurs, et la profondeur offerte par le support. En tous points superbe.
Le son :
L’on privilégiera la piste originale en DTS HD Master Audio, avec des voix plus puissantes qui habillent mieux le décor. La musique ample et spacieuse rempli le salon, avec décorum. Du bon boulot.
Sortie DVD & blu-ray : 13 février 2018
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