Pyramide(s)
Le 3 octobre 2011
Moins d’un an après les événements de la place Tahrir, quatre oeuvres (inédites en DVD) du plus célèbre des cinéastes égyptiens paraissent dans un coffret de qualité. Réjouissant et salutaire !
- Réalisateur : Youssef Chahine
- Nationalité : Égyptien
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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– Date de sortie DVD : le 5 octobre 2011
Moins d’un an après les événements de la place Tahrir, quatre oeuvres (inédites en DVD) du plus célèbre des cinéastes égyptiens paraissent dans un coffret de qualité. Réjouissant et salutaire !
Notes : J’aurais voulu être Egyptien, clame ironiquement le titre d’un ouvrage du romancier contemporain Alaa Al-Aswani. Youssef Chahine a quant à lui voué sa vie à affirmer : je suis un Egyptien. Cinquante-sept années de carrière (jusqu’à sa disparition en 2008), dont la complexité se reflète dans la variété des genres et des registres qu’il a abordés, n’ont cessé de mettre au jour l’amour du cinéaste pour sa patrie.... Ou plus exactement, pour la population qui la compose. Car Chahine n’est pas un cinéaste « patriotique », au sens nationaliste du terme : la politique est bien sûr présente à plus d’un titre dans ses films, mais elle apparaît toujours à travers le prisme d’un ou de plusieurs individus, qui tentent essoufflés de courir après le train de l’Histoire. Que le ton soit dramatique ou bouffon, le plaisir de la vision réside principalement dans ce lien et cet attachement empathique que Chahine réussit à créer entre les spectateurs et les personnages ; nous sommes attirés dans un monde d’excès, où se mélangent colères et joies extrêmes, et où la leçon morale à retenir est que tous sont « humains, trop humains ». Il n’est sans doute pas présomptueux d’affirmer que notre vision de l’Egypte contemporaine - dépoussiérée de son passé antique et aux prises avec les contradictions du présent - a été durablement marquée dans la seconde moitié du XXème siècle par le cinéma de Chahine, toujours à l’écoute des secousses du peuple égyptien.
Les films réunis dans ce coffret appartiennent à la période 1958-1976 du cinéaste ; ils étaient jusque-là inédits en édition DVD, et c’est une initiative audacieuse et bienvenue de pouvoir enfin les découvrir dans ces conditions. Du troublant Gare centrale au chantant (mais sombre) Retour de l’enfant prodigue, le propos est nuancé, et pourra capter quiconque connaît déjà le cinéma de Chahine, aussi bien que celui qui voudra le découvrir. Qu’aurait dit Youssef Chahine devant les événements du désormais consacré « printemps arabe » ? Nul n’est devin, mais une chose est certaine : c’est d’abord vers les petites gens, et non au sommet de l’Etat, que se serait porté son regard.
Les films
Retrouvez sur aVoir-aLire les critiques de :
Le retour de l’enfant prodigue
Le coffret DVD
Au-delà du simple fait de cette parution (les quatre films ici présentés sont inédits en DVD), Pyramide Vidéo nous livre une édition de qualité, qui s’adresse aussi bien aux connaisseurs qu’aux curieux potentiels de l’oeuvre de Chahine. Passage en revue.
Les suppléments
Chacun des quatre DVD s’accompagne d’une préface signée par Thierry Jousse, spécialiste du cinéaste égyptien, et qui présente les grands enjeux du film (à noter qu’il est préférable d’avoir regardé les films avant de visionner ces préfaces). On trouve aussi, en marge de chaque film, un documentaire de qualité, consacré à un aspect du cinéma de Chahine (ou à l’un de ses films en particulier). On recommandera également la lecture du livret, qui replace avec concision la carrière d’un cinéaste "prodigue" dans le contexte social, culturel et historique de l’Egypte contemporaine.
Image
Très belle surprise : les copies choisies pour ces inédits sont d’une qualité très satisfaisante, au regard de notre accès au patrimoine cinématographique égyptien... L’image présente inévitablement le grain très marqué du 35mm, mais la colorimétrie est soignée, et le contraste d’une profondeur remarquable. Mention accordée à Gare centrale, dont la photographie particulière en noir et blanc a été traitée avec le respect dû...
Son
Tous les films ne disposent que d’une piste mono (en VOST) ; on regrette un peu le mixage général, certaines séquences (en particulier dans La terre) saturant très rapidement.
Galerie Photos
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