Le 13 novembre 2018
Malgré des maladresses voyantes, Adieu Bonaparte témoigne d’un amour du cinéma conçu comme un déferlement de mouvements constamment passionnant.
- Réalisateur : Youssef Chahine
- Acteurs : Michel Piccoli, Patrice Chéreau, Mohsen Mohiedine, Mohsena Tewfik
- Genre : Drame, Historique, Film de guerre
- Nationalité : Français, Égyptien
- Distributeur : Tamasa Distribution , AMLF Distribution
- Editeur vidéo : TF1 Vidéo
- Durée : 1h55mn
- Reprise: 14 novembre 2018
- Box-office : 136 782 entrées France / 64 330 Paris Périphérie
- Date de sortie : 17 mai 1985
- Festival : Festival de Cannes 1985
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– Sortie en salle en version restaurée le 14 novembre 2018
– Sortie du Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret : le 28 août 2018
Résumé : Avide de puissance et de gloire, Bonaparte entame la campagne d’Égypte. Loin de ces préoccupations guerrières, Caffarelli, l’un de ses généraux, part à la découverte de ce pays et de son âme. Il va s’opposer à l’action exclusivement destructrice de Bonaparte.
Une rétrospective Tamasa Films
Notre avis : L’accueil du film fut en 1985 assez mitigé et le nombre d’entrées dut décevoir Chahine, qui avait bénéficié de moyens conséquents pour réaliser sa fresque sur la campagne d’Égypte. Mais ceux qui attendaient une grande épopée historique, comptaient sur l’assagissement d’un cinéaste paralysé par la reconstitution ou espéraient une œuvre ouvertement politique en ont été pour leurs frais. Certes, le combat entre le sabre et la pensée, entre un Napoléon obtus que Patrice Chéreau interprète en pantin névrosé et un général Caffarelli amoureux des savoirs et des cultures, ce conflit théorique existe bien, et il est même de temps en temps souligné lourdement. Si c’était le projet unique d’Adieu Bonaparte, le métrage serait sec et réduit à des oppositions schématiques.
- Distributeur originanal : AMLF (Pathé) - Illustrateur : Mascii. - (C) TF1 Films Production, Renn Productions
Mais ce qui fait sa force se situe ailleurs : la grande Histoire intéresse peu Chahine, réduite à des apparats ridicules et des combats tronqués. Il se situe du côté de l’humain à travers une galerie de portraits précieux, portés autant par les dialogues que des regards, des poses, et surtout une agitation incessante, reflet d’une énergie que le cinéaste sait capter chez son peuple. Cela ne va pas sans excès : les travellings, zooms, panoramiques filés, le montage abrupt ou quelques naïvetés (les surimpressions, par exemple) créent un vertige qui, il faut bien le dire, lasse sur la durée. Mais quelle force, quelle puissance ! Utilisant à merveille le moindre décor, se démultipliant pour suivre dans un parcours baroque ses nombreux personnages, Chahine passe sans failles d’un échange pompeux à une moquerie, d’une voix off à des clameurs et donc de l’intime au spectaculaire. Il sait au détour d’une action s’attacher à un détail : des babouches tombées d’une cavalcade ou des chauves-souris collées à un mur ; il s’amuse à couper au milieu d’une action, à créer des ruptures brusques. De ces chocs peut naître une impression de confusion ou de manque de rigueur, mais ils sont constitutifs d’un mouvement général, étourdissant et bouillonnant, qui garde malgré ses excès une vitalité dont on trouve peu d’équivalents. Et quand le film ralentit, surtout à la fin, il perd de son intérêt.
Au fond Chahine ne parle que d’amour, au sens très large : l’amour d’un peuple, d’un pays, l’amour qu’il porte à ses personnages et que ses personnages se portent. Ainsi de Caffarelli, bouleversé par la rencontre d’un jeune Égyptien lui-même conquis au début par une jeune fille entreprenante (les premières minutes sont somptueuses), alors qu’un autre suit un regard entrevu et captivant. La guerre n’est alors qu’un décor dérisoire (voir ces coups de canons étouffés) qui sert à définir l’humain quelles que soient les circonstances : la découverte respectueuse de l’autre et la fascination devant l’énergie vitale effacent la bêtise des soldats et des officiers et la laideur de batailles aussi cruelles qu’inutiles.
Certes, on pourra pointer des défauts évidents dans la construction, le jeu d’acteurs et les dialogues. Mais devant ce foisonnement qui déborde dans tous les sens et ce rythme trépidant jamais apaisé, au risque parfois d’un défaut d’émotion, on reste fasciné : par delà la leçon sur la tolérance, le film touche infiniment quand il se perd dans son pur mouvement, s’oublie dans sa dépense folle d’énergie.
- Distributeur originanal : AMLF (Pathé) - Illustrateur : Mascii. - (C) TF1 Films Production, Renn Productions
Les suppléments :
Le documentaire d’époque (30mn) donne la parole à Chahine, Piccoli et Chéreau pour un dialogue qui, s’il n’évite pas les assauts de compliments, donne des informations importantes sur leurs conceptions du film et des personnages. Outre la bande-annonce, l’éditeur propose également un livret que nous n’avons pas reçu.
L’image :
La restauration 4K est une merveille : image d’une belle précision, couleurs coruscantes, noirs profonds, une merveille qu’un léger grain rend plus précieuse encore.
Le son :
En règle générale, la VO DTS-HD Master Audio stéréo est soignée et, si quelques dialogues se perdent un peu, la majorité est limpide ; les passages musicaux sonnent plutôt bien. Un léger souffle intermittent ne gâche que peu notre plaisir, d’autant que la fréquente confusion sonore (discours entremêlés, foule bruyante) ne tourne jamais à la bouillie. La VF et l’audiodescription font partie des choix.
- © Renn Productions - TF1 Productions. Tous droits réservés.
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