L’histoire de Gitaï
Le 22 décembre 2013
Voyage personnel et poétique d’Amos Gitaï dédié à une femme et un homme, ses parents...
- Réalisateur : Amos Gitaï
- Nationalité : Israélien
- Editeur vidéo : Épicentre Films Éditions
- Durée : 1h32mn & 1h27mn
- Titre original : Carmel et Lullaby to my father
- Plus d'informations : Site consacré à Amos Gitaï
L'a vu
Veut le voir
Date de sortie du coffret DVD : 10 décembre 2013
Voyage personnel et poétique d’Amos Gitaï dédié à une femme et un homme, ses parents...
L’argument des deux films :
– Carmel
“C’est un poème sur les gens
Ce qu’ils croient et ce qu’ils veulent
Et ce qu’ils croient vouloir
Même si peu nombreuses
sont les choses sur cette terre
Qui méritent notre intérêt"
– Lullaby to my father
Le film entrelace événements historiques et souvenirs intimes. J’observe la façon dont l’architecture représente les transformations de la société et ceux qui donnent forme à cette architecture. Nous suivons le parcours de Munio, mon père, né en 1909 en Silésie, en Pologne, fils d’un métayer d’un junker prussien. A l’âge de 18 ans, Munio part à Berlin et à Dessau pour aller rencontrer Walter Gropius, Kandinsky et Paul Klee au Bauhaus. En 1933, le Bauhaus est fermé par les nazis, qui accusent Munio de trahison envers le peuple allemand. Munio est emprisonné, puis expulsé à Bâle. Il part pour la Palestine. A son arrivée à Haïfa, il entame une carrière d’architecte et il adapte les principes européens modernistes au Moyen Orient.
Notre avis : Le distributeur de film Epicentre vient de faire paraître un coffret du très prolifique réalisateur israélien Amos Gitaï, regroupant deux de ses films Carmel et Lullaby to my father, un diptyque rendant hommage à ses parents. A la fois essai et poétique, le premier Carmel navigue au travers des lettres d’Efratia Gitaï pour nous raconter l’Histoire d’Israël et de sa propre histoire. Amos Gitaï ne tombe jamais dans l’impudeur, il reste dans quelque chose d’abstrait, ne donnant pas la clé de la compréhension. Il laisse au contraire le spectateur essayer d’appréhender par lui-même cette histoire, Carmel en référence au Mont Carmel où se situe la ville d’Haïfa dans laquelle sa mère et lui naquirent. Amos Gitaï fait appel à certains membres de sa famille pour ce film : sa fille, son fils et son épouse afin que chacun puissent être un élément de ce poème. Un hommage à cette femme cultivée, qui par ses convictions a fait du réalisateur ce qu’il est et par prolongement sur les générations qui en découlent… Toutefois, Carmel est un film difficilement abordable par le spectateur lambda, car il lui faut être réceptif à ce genre de montage visuel et à cette manière, par bloc, de raconter des histoires. Pourtant, Carmel avec Lullaby to my father constitue un de ses films les plus personnels. A voir et à revoir pour à chaque fois le découvrir sous un nouvel aspect.
Lullaby to my father est quant à lui, un film beaucoup plus accessible dans sa narration. Littéralement « berceuse pour mon père », Amos Gitaï reconstitue l’itinéraire de son père. Contrairement à sa mère née en Palestine, sur la future Israël, Munio Gitaï Weinraub nait en 1909 en Pologne. Étudiant juif en architecture du Bauhaus, il lui fut interdit de poursuivre son parcours, puis accusé de trahison envers les allemands, il finit par se faire emprisonner et expulser vers la Suisse en 1933. Amos Gitaï reprend la même construction narrative que pour Carmel, mais cette fois-ci la rend plus explicite. Ce père architecte, discret, qui ne se dévoilait pas… Trop tôt disparu, lorsqu’Amos était âgé de 19 ans et qu’il essaie ici d’appréhender. Un rapprochement qu’il avait déjà cherché en devenant lui-même architecte, un métier qu’il n’exerça pas, lui préférant une autre forme d’art : le cinéma. Et c’est bien à travers l’image qu’il lui rend hommage dans Lullaby to my father où il revient sur l’esprit du Bauhaus, et donc de son père, et par la même occasion sur la construction de l’Histoire et une nouvelle fois sur sa propre histoire. Mais le film se perd dans les méandres de cette « architecture narrative », où par pudeur Amos Gitaï ne dévoile pas assez d’émotions nécessaires à l’intérêt du spectateur. Pourtant, Lullaby to my father est le Yin du Yang de Carmel et donc à voir pour se faire une opinion sur le cinéma intimiste du réalisateur Amos Gitaï.
Prochainement La Cinémathèque française en coproduction avec La Cinémathèque suisse, le Musée de l’Elysée (Lausanne) et Galeries (Bruxelles) proposera une exposition « Amos Gitai - Architecte de la mémoire » du 26 février au 6 juillet 2014, un voyage poétique à travers les archives d’Amos Gitaï : Photographies, extraits audiovisuels et sonores, documents artistiques rares et originaux. L’exposition dévoilera de nombreux thèmes chers à l’artiste : les frontières, les friches, l’architecture, la langue et l’écriture, l’histoire et la mythologie, la sensualité…
La Cinémathèque offrira également une rétrospective de son cinéma. Le samedi 1er mars à 14h30 sera projetée Carmel et s’ensuivra une discussion entre Amos Gitai, Matthieu Orléan et Serge Toubiana ; une occasion pour le spectateur d’approfondir sa vision du film et de connaître un peu plus le réalisateur.
Les suppléments des deux DVD :
Carmel
– Correspondances de Efratia Gitai, de 1929 à 1994, lues par Jeanne Moreau (Durée : 180 mn environ)
– Galerie photos
La correspondance d’Efratia Gitaï qui avait été diffusée en 2010 sur une chaîne radiophonique : France Culture, est ici offerte en bonus. Toutefois, on regrette qu’elle nous soit proposée au format DVD, on l’aurait préféré en CD afin de pouvoir la mettre sur n’importe quel lecteur audio et peut-être, l’emporter avec nous à bord d’une voiture où défileraient des paysages, plutôt que de rester pendant 20 minutes (durée d’un épisode, il y en a 9 au total) devant une image statique.
Lullaby to my father
– Entretien Amos Gitaï par Serge Toubiana (Durée : 20 mn environ)
– Biographie
– Galerie photos
– Bande-annonce
L’interview d’Amos Gitaï permet au spectateur de mieux percevoir ce qu’il a voulu démontrer avec Lullaby to my father. Toutefois, il reste encore très pudique dans ses propos, ne se dévoilant pas entièrement
Le coffret inclus également un livret sur les deux films vus par vu par Jean-Michel Frodon
L’image :
Tournés en vidéo, l’image est de belle facture. Amos Gitaï propose un montage de ses films où se superposent différentes scènes, devenant à juste titre « art et d’essai ». Bien qu’esthétiquement intéressant, le fait d’avoir agencer Carmel et Lullaby to my father de cette manière lui fait perdre sa qualité narrative. Mais peut-être est-ce voulu par l’auteur qui nous révèle dans son entretien avec Serge Toubiana, qu’il regrette cette notion de connaissance de tout, que plutôt de se laisser happer par l’inconnu.
Le son :
Les films sont proposés en Dolby Digital 5.1, le son est beau, propre et puissant. Le choix des musiques par Amos Gitaï lui donne un réel entrain. Les films disposent également d’un sous-titrage anglais et français. Pourtant, lorsque l’on choisit le français comme sous-titre, il est dommage de ne pas les avoir lors de certains passages de narration ou de combat entre les romains et les juifs, alors qu’ils sont bien présents dans la version anglophone. Peut-être est-ce le fait que le spectateur français est plus enclin à se laisser porter par la poésie et donc à ne pas chercher à tout comprendre ?
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.