Coco avant Chanel - Anne Fontaine - critique

Critique : Lors de l’une de ses prestations chantées, Coco va faire la connaissance de Balsan (Benoît Poelvoorde), un riche héritier désabusé qui effectue une période militaire. Sans se faire d’illusions, elle va se laisser séduire puis abandonnée par ce noceur sympathique qui cherchera tout de même à lui trouver, mais sans succès, un engagement dans un music-hall avant de disparaître. Peu après, elle décide de tout abandonner pour le rejoindre en région parisienne. Pendant ce temps, sa sœur tombe amoureuse d’un autre héritier (que l’on ne verra pas) qui lui promet le mariage.

Le principal intérêt de ce long métrage est de se situer, comme l’indique le titre, avant le début de la célébrité que connut la couturière. Cette biographie volontairement partielle permet de découvrir comment à pu se fabriquer cette personnalité hors de commun : une volonté de fer cachée sous des airs doux et vulnérables, un culot assez incroyable et une ambition peu scrupuleuse.

Toute la période où se construit la relation complexe entre Coco et Balsan est tout à fait convaincante. Son intérêt se trouve renforcée par l’intervention d’une amie "proche" de Balsan, Emilienne, cocotte enjouée et mauvaise comédienne, superbement interprétée par Emmanuelle Devos. Le récit perd curieusement un peu de son allant quand arrive Boy Capel (Alessandro Nivola), un Anglais aux allures de bellâtre, qui lui aussi aura une influence prépondérante sur la future carrière de Coco.

Mais tel quel, le film reste tout à fait estimable et plaisant. C’est aussi dû à la qualité de l’interpréter de ses deux acteurs principaux :
Benoît Poelvoorde, avec un jeu tout en retenue et ambiguïté, rarement aussi sobre ; et Andrey Tautou, cette fois débarrassée du lourd fardeau d’Amélie Poulain, qui incarne avec finesse cette jeune ambitieuse qui révolutionnera bientôt le monde de la mode féminine.