Ciel chargé annonciateur d’un temps pourri...
Le 19 juillet 2020
Du roman éponyme réputé inadaptable, les Wachowski, associés à Tom Tykwer, en tirent une symphonie cacophonique essentiellement due aux nombreux rôles que chaque interprète doit péniblement endosser, et ce malgré une distribution particulièrement alléchante.
- Réalisateurs : Lana & Lilly Wachowski - Tom Tykwer
- Acteurs : Tom Hanks, Susan Sarandon, Hugh Grant, Halle Berry, Hugo Weaving, Ben Whishaw, Jim Sturgess , James D’Arcy, Jim Broadbent, Keith David, Doona Bae
- Genre : Drame, Science-fiction, Thriller
- Nationalité : Américain, Allemand, Singapourien, Hongkongais
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 2h44mn
- Date télé : 8 janvier 2024 22:55
- Chaîne : TF1 Séries Films
- Date de sortie : 13 mars 2013
Résumé : Adam Ewing est un homme de loi américain, embarqué à bord d’une goélette partie de Nouvelle-Zélande et faisant route vers San Francisco, sa ville natale. Il n’a rien à voir avec Robert Frobisher, lequel, un siècle plus tard, se met au service d’un compositeur génial pour échapper à ses créanciers. Ni l’un ni l’autre ne peuvent connaître Luisa Rey, une journaliste d’investigation sur la piste d’un complot nucléaire, dans la Californie des années 70. Ou Sonmi-451, un clone condamné à mort par un État situé dans le futur. Pourtant, si l’espace et le temps les séparent, tous ces êtres participent d’un destin commun, dont la signification se révèle peu à peu. Chaque vie est l’écho d’une autre et revient sans cesse, telle une phrase musicale qui se répéterait au fil d’innombrables variations.
Critique : Si au premier abord, la collaboration entre Tom Tykwer et les Wachowski peut étonner ; au terme de près de trois longues heures laborieuses, la sentence est sans appel, si bien qu’on finit par rire jaune (et sans jeu de mots avec l’histoire située dans un Séoul futuriste). Quand on est familier de ces metteurs en scène aux univers aussi éloignés l’un de l’autre, la collision paraissait inévitable. Elle l’est d’autant plus que des six récits du roman complexe de David Mitchell (paru en français sous le titre "La cartographie des nuages"), les créateurs de Matrix et le réalisateur prodige de Lola rennt se sont équitablement partagé la tâche.Point besoin de préciser que, hormis celui remontant au milieu du 19ème siècle (le plus ancien), les célèbres frères (devenus depuis "frère et sœur") se sont attelés à mettre en scène les deux histoires se déroulant dans un futur kafkaïen ou post-apocalyptique. Le piteux Speed Racer présageait déjà la couleur (criarde et trop kitsch) pour la suite... Quant au cinéaste allemand, il continuait à surprendre agréablement tout son monde avec l’adaptation du best-seller de Patrick Süskind, Le Parfum, pour un résultat sur grand écran qui avait du nez. Finalement, ce projet de retranscrire ce pavé est compréhensible tant chacun y retrouve les thématiques caractéristiques de son cinéma.Après un prologue qui revêt au film son caractère de fable métaphysique (on n’en dira pas plus afin de ne rien révéler), le spectateur est continuellement baladé à travers les différents univers spatio-temporels répartis sur une période d’environ un demi-millénaire. Alors qu’on ne cesse de passer d’un récit à un autre (ça n’excède jamais plus de cinq minutes !), l’incompatibilité artistique apparaît de façon manifeste : tandis que Tom Tykwer prolonge son questionnement philosophique autour du hasard et des coïncidences, tout en continuant profondément à sonder l’âme humaine et ses contradictions ; les Wachowski, quant à eux, font toujours dans la surenchère et le superficiel, à l’instar du "triptyque matriciel" duquel finira par surgir miraculeusement l’amour salvateur.En plus de ces allers-retours incessants, là où le bât blesse, c’est qu’en faisant endosser plusieurs rôles à un même acteur (à tel point que les oscarisés Tom Hanks et Halle Berry interprètent sept personnages différents), toute la finesse psychologique du propos de David Mitchell, entre autres sur la notion de bien et de mal, est éradiquée aussi rapidement que certains quidams de ce roman-fleuve.Avec son message à deux balles sur l’amour, il s’inscrit plus dans la veine de l’indigeste Le cinquième élément qu’aux côtés des pépites de science-fiction de ces vingt dernières années (L’armée des 12 singes, Bienvenue à Gattaca, A.I. (Artificial Intelligence), ou Les fils de l’homme, pour ne citer que les plus marquants). Et ce même si Andy Wachowski aime à répéter que : "Dès qu’il s’agit d’une œuvre d’art, ils ne comprennent pas complètement la première fois qu’ils le découvrent, ils pensent que le problème vient du film ou du travail d’artiste. (...) Et ils le rejettent, juste parce que ça dérive d’une réponse instinctive à une certaine ambiguïté ou un gouffre entre ce qu’ils attendent, ce qu’ils devraient être en mesure de comprendre, et ce qu’ils comprennent". No comment... L’unique réussite du film consiste finalement à donner envie de nous plonger immédiatement dans le matériau de base, finaliste 2004 du prix Booker en fiction. Le rendez-vous aura bien lieu, mais en librairie et non au cinéma...
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
vanhzexen 24 février 2014
Cloud Atlas - Lana & Lilly Wachowski, Tom Tykwer - critique
Film fleuve de 2h50 qui laisse présager le pire pour arriver à l’état d’oeuvre humaniste qui tire vers la fascination !
Dans les premières minutes du film, la voix d’un des personnages qui écrit son roman demande aux lecteurs d’aller jusqu’au bout... C’est certainement ce que voulaient dès le départ nous faire entendre les réalisateurs pour que nous ne passions pas à coté du projet.
Les premières minutes sont déconcertantes au point de ne pas savoir s’il faut aller plus loin, et puis les scènes défiles, l’écriture s’intensifie et la magie opère.
Finalement l’émotion atteint son paroxysme lorsque les pièces du puzzle s’assemble pour donner vue sur un tableau de maître ambitieux et grandiose.
Cloud Atlas n’est pas un films de "genre(s)" mais bien un film d’auteur(s) avec un grand A !
Bouleversant, fascinant, envoûtant et beau.