Chronique d’une Busherie annoncée

Dans les méandres des nouveautés du 29 octobre, le Bond, le Bush et le Hellboy s’offrent à vous. Faites votre choix.

Une semaine que l’on ne souhaiterait pas à son pire ennemi : quatorze nouvelles sorties et une reprise. Après le calme relatif de ce dernier mois qui, était, plus ou moins en phase avec les impératifs économiques de son époque (on est à l’ère où les studios resserrent leurs projets, moins de films mis en route, moins de sorties cinéma, moins de frais, mais toujours plus de bénéfices), les vacances font perdre la tête aux distributeurs, qui sortent à peu près tout et n’importe quoi quitte à se livrer une concurrence impitoyable. Alors que High school musical 3 et le premier segment du diptyque consacré à Mesrine sont destinés à jouir d’une belle endurance, deux nouveaux blockbusters envisagent de les affronter de front. Hellboy 2, qui, comme aux USA, ne devrait être qu’un succès d’estime, et surtout James Bond. Ce dernier, avec toute sa courtoisie britannique, laisse à ses concurrents deux jours pour faire le plein d’entrées puisque l’agent spécial de sa Majesté ne sortira son permis de tuer que le vendredi 31. Parions que, malgré cette exploitation écourtée, il saura faire le plein d’euros pour offrir à Sony Pictures, en manque de hits (Hancock, c’était en juillet), un vrai carton de fin d’année. Et comme le 007 est plutôt réussi, le bouche à oreille devrait le porter dans le top 5 tout au long du mois de novembre.
Face à ces deux super héros, le challenger est un loser, un vrai. Responsable d’un merdier mondial inextricable, le président Bush s’offre une visite officielle de par nos salles, suivi par un Oliver Stone, plus consensuel que virulent, mais toujours à propos, surtout quand il s’agit d’accompagner la campagne présidentielle américaine. Vu l’antiaméricanisme primaire des Français, un petit succès est à envisager.
Face à cette déferlante américaine, la France n’est pas en reste, offrant à Kad Merad l’occasion de triompher une nouvelle fois dans la sympathique, mais totalement inoffensive comédie de Laetitia Colombani, Mes stars et moi. Le casting féminin est au diapason (Deneuve et Béart). C’est à peu près tout ce que cette production gentillette a à proposer. Autre star, dans un genre moins drôle, Isabelle Huppert fait comme chez elle, aux côté d’Olivier Gourmet, dans le vénéneux Home, que nous vous conseillons ardemment. Un cinéma étrange, qui mérite bien le bouche-à-oreille art et essai de la semaine. Quoique, dans ce domaine, les bons coups sont multiples ce 29 octobre.
Cela serait, effectivement, une faute pénale d’éviter le documentaire A côté, qui aborde le problème épineux des prisons et de leurs parloirs. De même Riparo et The visitor proposent, tous deux, beaucoup de fraîcheur dans leur regard sur les minorités (homosexuelle et ethnique pour le premier, seulement ethnique pour le second, qui a reçu le Grand Prix de Deauville). Le cinéma africain métaphorique attend les aficionados avec un Faro de bonne facture, tandis que nos campagnes sont une fois de plus revisitées par l’œil perçant de Depardon, dans un documentaire émouvant qui repousse les limites du réalisme.
En gros, dans cette avalanche de nouveautés, le seul métrage à éviter est Fly me to the moon, qui, 3D ou non, après le paresseux Les chimpanzés de l’espace, démontre que les jeunes enfants et surtout leurs parents seront les grands perdants de ces vacances peu généreuses envers la jeunesse. Et oui, tout le monde n’a pas l’âge de chanter sur H.S.M. 3