Il y a des livres où vous entrez sans trop vraiment savoir où vous mettez le pied. Guêpier, nid de serpent ou asile de dingues... Vous vous retrouvez ensuite dans un univers tellement déjanté qu’il ne faudra plus ensuite vous étonner de ne plus trouver la porte de sortie.

Au moins avec Chuck Palahniuk, les choses sont claires. L’auteur ne tergiverse pas et va droit au but dès les premières lignes : "si vous avez l’intention de lire ceci, n’en faites rien, ne vous donnez pas cette peine", et vous, évidemment comme un sale gosse, vous tombez la tête la première dans le piège pour nigaud : puisque c’est quasi interdit c’est que ça doit être diablement intéressant.

Faudra pas vous étonner ensuite de vous accrocher aux pages de Choke telles des bouées de sauvetage pour trouver la logique de sortie, submergé que vous êtes par les vagues délirantes de l’univers romanesque de Palahniuk. Faudra pas non plus vous étonner de mater ensuite dans la rue les gens d’une façon bizarre pour vérifier si celui-ci est bien Untel et si celle-ci fait bien cela, quitte à jeter aussi un coup d’œil derrière vous pour vérifier que votre ombre s’accroche bien à vos épaules.

Parce qu’avec Choke, Chuck Palahniuk, passé sous les feux de projecteurs avec Fight Club, continue d’ironiser sur notre société de faux semblant et ses états d’âme, cette "société du spectacle" qui n’en finit pas de perdre ses figurants en quête d’amour.
A savoir ensuite si tel sera le destin de son héros Victor Mancini, drogué du sexe, comédien figurant d’un parc d’attractions bloqué à l’an 1734 et pseudo victime d’étouffement gastronomique pour inciter les bonnes âmes à le sauver afin de mieux leur extirper de l’argent. Mais comptez pas sur nous pour vous indiquer la terre ferme, plongez, nagez dans le délire aussi sombre que burlesque de Palahniuk et noyez-vous allègrement tout seul !