Carthago Adventures . T.5 . Zana - La chronique BD

Cinquième one shot indépendant qui vient compléter l’univers déjà riche de Christophe Bec, avec cette fois-ci un voyage dans la toundra sibérienne, au cœur des zones inhabitées de Russie, mais aussi un voyage dans le temps. Plusieurs ellipses viennent en effet raconter l’histoire d’une femme, ou plutôt de tout un peuple, sur un siècle d’exploration mais des millénaires d’évolution. La chasse est donc donnée pour ce qui pourrait s’apparenter au yéti népalais, au big foot américain, mais qui sera finalement un Néandertal amélioré sibérien. Comme d’habitude, le milliardaire Feiersinger est au centre de l’action, mais la narration va se déplacer progressivement vers un personnage inédit, le colosse Nikolai, vraisemblablement point de convergence entre les espèces, entre chasseurs et chassés. Comme d’habitude, il y aura des morts démembrés, une intervention musclée de l’État russe, une injection de drogue pour lutter contre le froid et la fatigue, et une morale explicite pour terminer le tout. Curieusement, autant cet épisode Adventures est le plus plausible au niveau scénario, autant il se révèle peut-être le moins prenant, car son côté fantastique est mis de côté. Sans être réaliste, l’histoire et les personnages découverts sont les plus à mêmes de l’être à notre époque, même si la théorie de l’évolution parallèle reste chimérique. Par conséquent, c’est le côté pathétique qui prend le dessus, et non la surprise mythologique ou fantastique.

© Les Humanoïdes associés

Côté dessin, c’est Aleksa Gajic, dessinateur serbe assermenté qui prend le relais du projet. Connu pour la série Le Fléau des dieux, son dessin diffère de celui de Jovanovic, donnant des traits aux personnages et aux monstres plus humains, plus tendres et moins repoussants. Le décor de l’hiver sibérien n’est pas le plus hostile, le plus sombre qu’il ait été donné de voir dans les séries Carthago, et il y a même un côté agréable et rassurant dans certaines planches. On trouvera tout de même le sang dans la neige très proche d’Un Roi sans divertissement de Giono, qui n’est pas sans rappeler le tome précédent, un contraste très parlant mais moins inquiétant que dans d’autres œuvres.

© Les Humanoïdes associés

Moins épique mais plus tragique, cet album, intitulé Zana, insiste sur les sentiments, le cœur plus que d’action, le fait d’étaler sur une longue durée le récit entraîne le lecteur dans une ambiance qui ressemble plus à l’exploration qu’à la chasse, donnant un côté original et plaisant à ce cinquième tome.

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